Don d’organes : des cellules de l’œil « réveillées » après la mort

Publié le 13 Mai, 2022

Des chercheurs ont « redonné vie » à des cellules photoréceptrices[1] issues d’yeux de donneurs d’organes et « rétabli la communication entre elles ». Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature[2].

« Nous avons pu réveiller les cellules photoréceptrices de la macula humaine, qui est la partie de la rétine responsable de notre vision centrale et de notre capacité à voir les détails fins et les couleurs », explique Fatima Abbas, scientifique au Moran Eye Center et auteur principal de l’étude. « Dans les yeux obtenus jusqu’à cinq heures après le décès d’un donneur d’organes, ces cellules réagissaient à la lumière vive, aux lumières colorées et même aux flashs lumineux très faibles. »

Rétablir la communication post-mortem

Si les premières expériences ont permis de ranimer les photorécepteurs, les cellules semblaient avoir perdu leur capacité à communiquer avec les autres cellules de la rétine. L’équipe a identifié la privation d’oxygène comme le « facteur critique » conduisant à cette perte de communication.

Les scientifiques ont développé un protocole pour obtenir les yeux de donneurs d’organes « en moins de 20 minutes à partir du moment du décès ». Ils ont également conçu une « unité de transport spéciale pour rétablir l’oxygénation et d’autres nutriments » dans les yeux prélevés, ainsi qu’un dispositif permettant de « stimuler la rétine et de mesurer l’activité électrique de ses cellules ». Une approche qui leur a permis de « restaurer un signal électrique spécifique observé dans les yeux vivants, l'”onde b” ». « Il s’agit du premier enregistrement de l’onde b réalisé à partir de la rétine centrale d’yeux humains post-mortem », affirment les chercheurs.

« Nous avons réussi à faire parler les cellules rétiniennes entre elles, comme elles le font dans l’œil vivant pour assurer la vision humaine », explique Frans Vinberg qui a participé à l’étude. « Des études antérieures ont rétabli une activité électrique très limitée dans les yeux de donneurs d’organes, mais cela n’a jamais été réalisé dans la macula, et jamais dans la mesure que nous avons maintenant démontrée », affirme-t-il.

Etudier les maladies neurodégénératives

Le processus démontré par l’équipe pourrait être utilisé pour étudier d’autres tissus neuronaux du système nerveux central, par exemple afin de mieux comprendre les maladies neurodégénératives, telles que la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Des thérapies potentielles pourront également être testées sur des cellules oculaires humaines fonctionnelles, ce qui permettrait d’accélérer le développement de traitements.

Mais cette étude soulève surtout des questions « sur la nature irréversible de la mort », qui est en partie définie par « la perte irréversible de l’activité neuronale ».

 

[1] « Des milliards de neurones du système nerveux central transmettent des informations sensorielles sous forme de signaux électriques ; dans l’œil, des neurones spécialisés, appelés photorécepteurs, détectent la lumière. »

[2] Frans Vinberg, Revival of light signalling in the postmortem mouse and human retina, Nature (2022). DOI: 10.1038/s41586-022-04709-xwww.nature.com/articles/s41586-022-04709-x

Source : Medical Xpress, University of Utah Health Sciences (11/05/2022)

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