Une image d’accident de voiture. Une phrase : « Diana. Elle n’a pas choisi sa mort… En 2024, on devrait avoir le choix ».[1] On a beau chercher, on ne voit pas le rapport entre l’accident de voiture tragique de la Princesse de Galles et la légalisation de l’euthanasie.
La campagne de la section jeune de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) a provoqué la colère des internautes. Devant les réactions, les militants ont retiré le post et rapidement publié sur X un message visant à présenter « leurs excuses à celles et ceux qui ont été choqués par le choix des images ». D’autres visuels étaient d’ailleurs prévus évoquant d’autres drames : l’exécution de Jeanne d’Arc sur un bûcher, l’électrocution de Claude François dans sa baignoire et l’accident d’hélicoptère où Daniel Balavoine a perdu la vie. Mais malgré la suppression du visuel, puis du communiqué de presse qui avait été envoyé aux journalistes, l’indignation gagne le Royaume-Uni [2].
Une indignation générale
« C’est cruel, insensible et opportuniste » dénonce Rosa Monckton, une amie de Lady Di, affirmant être « choquée et horrifiée ». « Tout simplement hors de l’échelle de l’obscénité » pour Dickie Arbiter, ancien attaché de presse de la Reine.
« Les responsables devraient avoir honte, assène quant à lui le député Bob Seely, qui siège à la commission des Affaires étrangères. C’est d’une stupidité crétine. Jusqu’où peut-on descendre ? » Selon Ian Paisley Jr, également député, « utiliser un drame survenu dans la vie de la famille royale pour faire de la publicité est pervers, malsain et ignoble. Cette publicité devrait être interdite et ses auteurs condamnés à une amende ».
Une cible plus que manquée
« Cette campagne publicitaire est ignoble » abonde la journaliste Petronella Wyatt, une autre amie de Diana. D’autant plus qu’« elle n’a rien à voir avec leur argument, car aucune des personnes impliquées, en particulier Diana, ne voulait mourir », souligne-t-elle. Fallait-il choquer à tout prix ?
« Faire sa com’ sur la mort des autres. En moins d’une semaine, la perte de décence (et d’empathie minimum) du débat », dénonce l’avocat et essayiste Erwan Le Morhedec sur X (cf. Projet de loi sur la fin de vie : « une voie pavée de tromperies »). « Tout n’est pas permis dans un débat qui exige empathie, respect et… dignité », tacle le bénévole en soins palliatifs.
Les militants essaient désormais de réparer les pots cassés. Parmi eux, la mairie de Paris. En effet, Anne Hidalgo, et Bertrand Delanoë qui l’a précédée à la tête de la mairie de Paris, font partie du comité d’honneur de l’ADMD. Un comble. « Paris a toujours témoigné le plus grand respect à la princesse Diana, a voulu rassurer la mairie. Elle était admirée et honorée – personne ne voudrait que l’on manque de respect à sa mémoire. Les autorités condamneront naturellement la photo utilisée. Son retrait est le bienvenu ».
Cette campagne, cette fois loin du glamour et des atmosphères doucereuses (cf. La promotion du suicide et de l’euthanasie en prime time sur le service public), aura-t-elle eu le mérite de réveiller les consciences quant à la brutalité du projet de loi qui arrive ? (cf. Euthanasie : « ce n’est pas le mot qui est violent, c’est bien l’acte qu’il désigne »)
[1] Les visuels ont été publiés par Le Figaro
[2] Daily mail, Diana crash used in vile euthanasia ad campaign : Princess’s friends condemn ‘cruel exploitation’ as Paris tragedy photo promotes assisted dying, Anna Mikhailova, Natasha Livingston and Peter Allen (16/03/2024). La presse australienne s’en est également fait l’écho.
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