Des chercheurs sont parvenus à améliorer la motilité de spermatozoïdes humains grâce à des ultrasons. Ils espèrent que « cette approche pourra offrir de nouvelles pistes de réflexion dans l’élaboration de traitements pour améliorer la fertilité masculine ». En effet, l’asthénospermie, l’altération de la capacité des gamètes mâles à bouger et à se déplacer, « diminue considérablement leur pouvoir fécondant et reste une cause majeure d’infertilité ». Les scientifiques ont publié leurs travaux dans la revue Science Advances [1].
Une action sur les mitochondries
Les chercheurs ont soumis 50 échantillons à des ultrasons d’une puissance de 800 mW et d’une fréquence de 40 MHz pendant vingt secondes, après avoir évalué leur motilité. Les spermatozoïdes « lents » sont devenus « rapides »[2] pour près de la moitié d’entre eux, quand les gamètes « immobiles » ont commencé à se déplacer, pour 61% d’entre eux lentement, et rapidement dans 11% des cas.
C’est le fonctionnement des mitochondries qui serait modifié par les ultrasons. « Les spermatozoïdes ont des besoins énergétiques très élevés pour se déplacer. Cette énergie leur est directement fournie par les mitochondries sous forme de molécules d’ATP », explique le Pr Samir Hamamah, chef du service biologie de la reproduction au CHU de Montpellier et président de la Fédération française d’étude de la reproduction (FFER). D’après les auteurs de l’étude, les ultrasons augmenteraient la synthèse d’ATP, permettant de stimuler la fréquence du battement latéral des flagelles.
Pas encore un traitement
« L’avantage de la technique par ultrasons est qu’elle n’altère a priori pas l’information génétique des spermatozoïdes ni leur vitalité, comme l’ont montré les auteurs, ce qui est encourageant », commente le Dr Alexandra Clerget, chirurgienne urologue de l’AP-HP. « Cependant d’autres études devront confirmer l’absence de nocivité de ce procédé », poursuit-elle.
En outre, « il y a un fossé énorme entre des tests in vitro et la réalité clinique, tempère le médecin. Rien pour le moment ne laisse penser que cette technique puisse avoir un réel impact sur le pouvoir fécondant des spermatozoïdes, notamment dans le cadre de la PMA ».
« La motilité n’a rien à voir avec la vitalité, abonde le Pr Hamamah. Un spermatozoïde immobile peut être viable, mais, s’il porte par exemple une anomalie génétique ou morphologique, il est très probable qu’une augmentation de sa faculté à se déplacer, donc à traverser les couches successives de l’ovocyte, n’ait guère d’effet sur l’obtention d’un embryon ». De plus, les échantillons qui ont servi à cette recherche sont issus de donneurs sains. Dès lors, il reste à déterminer si de tels effets pourraient être obtenus sur « des spermatozoïdes qui portent a priori des anomalies motrices les rendant moins fertiles ».
[1] Ali Vafaie et al. Making immotile sperm motile using high-frequency ultrasound. Sci. Adv.10, eadk2864 (2024). DOI:10.1126/sciadv.adk2864
[2] Les chercheurs avaient classés les spermatozoïdes en trois catégories : « immobiles », « lents » et « rapides »
Source : Le Figaro, Elisa Doré (21/02/2024) – Photo : iStock