En décembre dernier, Cortical Labs, situé à Melbourne, a créé une puce informatique composée de groupes de neurones humains, cultivés sur des puces de silicium. La puce hybride, Dishbrain, fonctionne à partir d’un « langage commun : l’électricité ». Dans les ordinateurs en silicium, les signaux électriques voyagent le long de fils métalliques qui relient différents composants entre eux. Dans le cerveau, les neurones communiquent entre eux en utilisant des signaux électriques à travers les synapses. Dans le système Dishbrain, les neurones agissent comme les fils du système, connectant différents composants.
Des neurones cultivés à partir de cellules humaines
Les chercheurs parviennent à cultiver, en laboratoire, des neurones « à partir de cellules cutanées ordinaires », les reprogrammant en cellules souches pluripotentes induites. Ce qui soulève une première question sur le consentement du donneur (cf. Générer des neurones à partir de cellules souches). Selon, Brett Kagan, directeur scientifique de Cortical Labs, les gens seront « plus disposés à donner des cellules de la peau pour la recherche que leur tissu cérébral », lié à l’identité.
Le principal avantage de l’utilisation des neurones dans le système Dishbrain est qu’ils « peuvent changer de forme, croître, se répliquer ou mourir en réponse aux exigences du système ». Mais, ces tissus pourraient-ils « développer une certaine forme de conscience et éprouver de la douleur » ? Dans l’expérience du jeu Pong, Dishbrain était exposé à des stimuli bruyants imprévisibles ou prévisibles en fonction du type de réponse. Or, il est possible « qu’un système comme celui-ci commence à ressentir les stimuli imprévisibles comme de la douleur et les stimuli prévisibles comme du plaisir ».
Une technologie révolutionnaire ?
A l’heure actuelle, les ordinateurs en silicium actuels ne surpassent pas le cerveau de la plupart des animaux et encore moins celui de l’homme. La puce hybride constituée de neurones humains pourrait « être la clé du type de raisonnement complexe que les ordinateurs et l’IA d’aujourd’hui ne peuvent pas produire ». Et, à titre d’exemple, pour stocker la même quantité de données contenues dans un cerveau humain, il faudrait « 34 centrales au charbon de 500 mégawatts » stockant ces données dans des centres de stockage.
Selon Koniku, start-up fabriquant des ordinateurs à partir de neurones, « leur technologie révolutionnera plusieurs industries, notamment l’agriculture, les soins de santé, la technologie militaire et la sécurité aéroportuaire ».
Source : The Conversation, Julian Savulescu, Christophe Gyngell, Tsutomu Sawai (24/05/22) – Photo : iStock