Depuis 2009, l’entreprise Cryos, “l’antenne danoise du plus grand réseau mondial de banques de sperme, […] s’est ouverte aux particuliers […] et propose de livrer du sperme à domicile, sans complexe, et en toute légalité, à en croire son site internet”, précise la journaliste. Cette entreprise, dont le “business est florissant“, “détient une licence, conformément aux directives européennes sur les tissus et les cellules humaines, et dit à ce titre pouvoir ‘livrer du sperme ayant été analysé à des organismes ou à des patients privés pour une insémination à domicile’ “.
Et en France, “de plus en plus de gynécologues […] ne se cachent plus de procéder en cabinet à des inséminations à partir de sperme importé de l’étranger, faisant fi des risques légaux encourus par ces actes“.
Par conséquent, la journaliste s’interroge sur ce qu’il en est de cette pratique d’un point de vue éthique. A ce titre, elle précise que “la société danoise n’en a que faire et assure – sans gêne aucune – livrer du sperme de donneurs non anonymes dans les pays qui, comme la France, exigent que le don soit anonyme et gratuit, entre autres conditions. En somme, [conclut-elle], “les lois – qu’elles soient d’ordre éthique ou sanitaire – qui régissent le don de sperme dans le pays destinataire n’ont pas d’importance pour celui qui inonde le marché mondial“. Pour la société danoise, “le destinataire est légalement responsable de cette livraison“, ajoutant qu’à sa connaissance, “l’interdiction ne s’applique qu’aux médecins ou aux centres spécialisés dans ces pays“. Or, mentionne la journaliste, “d’aucuns verront cet avertissement comme une incitation à une ‘insémination artisanale’, à domicile et sans aucun contrôle médical, ce qui est tout autant interdit par la loi“.
Enfin, elle souligne le risque d’eugénisme auquel peut mener une telle pratique. En effet, tout patient peut choisir son géniteur “parmi les centaines de donneurs sélectionnés pour la ‘qualité’ de leur sperme, mais aussi pour leur profil physique, génétique et psychologique. Groupe ethnique, taille, poids, couleur des yeux et des cheveux, niveau d’éducation, métier, groupe sanguin: tout y passe“. Si “sélectionner son donneur en fonction de son phénotype ou de son parcours professionnel […] n’est pas la question qui anime la très grande majorité des acheteuses françaises, qui revendiquent le droit à pouvoir concevoir un enfant seule ou en couple si elles sont homosexuelles“, précise la journaliste, “il n’en reste pas moins que la tentation de l’eugénisme est proche“.
Le Point.fr (Louise Cuneo) 23/02/13