Des chercheurs de l’université de Californie à San Francisco en partenariat avec l’entreprise Genentech sont parvenus à « reprogrammer partiellement des cellules de souris in vivo et à les rajeunir d’un point de vue phénotypique ». Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature Aging [1].
Une reprogrammation cellulaire
Les souris ont été génétiquement modifiées en mettant en œuvre les « facteurs de reprogrammation de Yamanaka »[2]. De cette façon, les chercheurs ont pu inverser « les modifications épigénétiques qui s’accumulent dans les cellules au fil des mitoses, afin de restaurer leur “jeunesse“ » [3].
Seuls des résultats « de courte durée » avaient pu être obtenus jusqu’à présent. Avec cette recherche, les scientifiques ont examiné « les effets d’une utilisation à plus long terme de ces facteurs de reprogrammation sur la physiologie des souris ». Les chercheurs ont observé que les protocoles de traitement long [4], permettant de « remonter l’horloge épigénique », avaient conduit à « une moindre expression de gènes impliqués dans l’inflammation, la sénescence et la réponse au stress ». Les traitements courts n’ont pas donné de « résultat significativement différent du groupe contrôle ».
Un effet sur les reins et la peau
« Dans les reins et la peau, les capacités de prolifération cellulaire étaient mieux conservées chez les souris traitées que chez les souris contrôle ». Des résultats « plus significatifs » avec une exposition longue. La reprogrammation sur des durées importantes « contribue à la préservation d’une peau plus élastique et moins différenciée », indiquent les chercheurs. Mais la vitesse de cicatrisation n’était pas modifiée sensiblement.
« Nous en concluons qu’une reprogrammation partielle ne présente pas de danger chez les animaux (…) et retarde efficacement les altérations du phénotype liées à l’âge », jugent les auteurs. Mais « de nombreuses questions précliniques » demeurent, « avant même d’envisager une thérapie anti-sénescence » : « l’impact sur le micro-environnement cellulaire, les effets sur d’autres organes que ceux étudiés, la fenêtre d’opportunité selon l’âge ou encore une plus grande sensibilité à ce type de traitement chez les souris femelles ».
[1] Heinrich Jasper, In vivo partial reprogramming alters age-associated molecular changes during physiological aging in mice, Nature Aging (2022). DOI: 10.1038/s43587-022-00183-2. www.nature.com/articles/s43587-022-00183-2
[2] Oct4, Sox2, Klf4 et c-Myc
[3] Leur âge biologique a été évalué à partir du « degré de méthylation de leur génome ».
[4] « Les animaux ont été soumis à deux régimes longs (un de 7 mois commençant à l’âge de 15 mois, ou de 10 mois commençant à l’âge de 12 mois), ou à un régime court (un mois commençant à l’âge de 25 mois). Un groupe contrôle génétiquement modifié mais non exposé au déclencheur était prévu dans l’expérimentation »
Source : Le Quotidien du médecin, Damien Coulomb (08/03/2022)