Dépistage non-invasif de la trisomie 21, quand l’économique prime sur l’éthique

Publié le 12 Nov, 2014
Jean-Yves Nau, journaliste et médecin, revient sur l’annonce du laboratoire CERBA, qui a récemment publié les résultats de son étude SEHDA. Une étude destinée à montrer la fiabilité de sa méthode de dépistage non-invasif de la trisomie 21 (Cf. Synthèse Gènéthique du 1er octobre 2014). Au lieu de procéder au dépistage combiné[1], le laboratoire, en situation de monopole, met sur le marché une méthode non-invasive qui « consiste à analyser les fragments d’ADN provenant du (ou des) fœtus, fragments d’ADN qui sont présents dans le sang maternel durant toute la grossesse ».

 

Jean-Yves Nau met en lumière les enjeux financiers qui dictent la mise au point de ce type de dépistage (« 85% des femmes enceintes acceptent de participer à ce dépistage »), ainsi que la problématique d’un « dépistage à deux vitesses » (650 € à débourser pour faire le test),  avec un risque d’eugénisme, notamment au travers du remboursement possible par la Sécurité Sociale.

 

« Cette étude étant réalisée reste, entière, la question du remboursement par la collectivité ». Pour l’instant, seul le dépistage combiné est remboursé par l’assurance maladie. Mais demain ? L’auteur a sollicité le Ministère des Affaires sociales et de la Santé sur ce nouveau test et cite la réponse qu’il a obtenue : « En quelques années, des progrès ont été faits dans le domaine du diagnostic prénatal. L’analyse de l’ADN fœtal circulant dans le sang maternel permettrait de mieux préciser, parmi les femmes enceintes à risque de trisomie 21 fœtale (notamment), les indications de l’amniocentèse, examen invasif, qui comportent des risques de fausses couches. Le ministère chargé de la santé est très attentif depuis 2012 à ces progrès.

 

Avant de faciliter son éventuelle diffusion sur le territoire national il convient de confirmer la performance diagnostique de ce nouvel examen et d’en préciser les indications doivent être précisées. Il conviendra également de garantir un accès à toutes les femmes qui le souhaitent, quels que soient leurs revenus.»

 

Pour rappel, le Ministère avait demandé un avis du CCNE, lequel fut favorable (Cf. Synthèse Gènéthique du 25 avril 2013), et annoncé s’en remettre aux conclusions de la HAS (Haute autorité santé) pour envisager le « remboursement de cet examen par l’Assurance maladie ». L’HAS doit se prononcer quand les résultats d’une étude attendue pour le printemps 2015, auront été publiés.

 

Jean-Yves Nau invite enfin à la réflexion a propos d’un test qui « peut être perçu comme une nouvelle étape ouvrant, de manière irréversible vers l’analyse fine et systématique du génome fœtal ».

 
Note de Gènéthique: 

Pour aller plus loin sur le DPNI (diagnostic prénatal non-invasif), lire les article “Gènéthique vous informe”:

 

[1] Le dépistage combiné de la trisomie 21 associe une échographie ciblée au dosage sanguins de certains marqueurs sériques. Il est complété par des examens complémentaires invasifs (amniocentèse) dès lors que le risque de trisomie dépasse un certain seuil (1/250). L’amniocentèse est responsable, chaque année, de 200 fausses couches. 

Blog de Jean-Yves Nau 12/11/2014

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