Soutenue par l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), Chantal Sébire, une patiente âgée de 52 ans et atteinte d’une esthésioneuroblastome (tumeur évolutive et incurable des sinus et de la cavité nasale) a demandé à la justice, le 12 mars, de pouvoir “bénéficier d’un suicide médicalement assisté“.
Droit à la vie
Suivant les réquisitions du procureur de la République, le vice-président du tribunal de grande instance de Dijon a débouté Chantal Sébire, jugeant sa demande contraire “au code de déontologie médicale, lequel dispose que le médecin n’a pas le droit de délibérément donner la mort“, ainsi qu’au code pénal et à la Convention européenne des droits de l’Homme.
Plusieurs ministres ont réagi à cette demande, exprimant leur volonté de ne pas modifier la loi sur la fin de vie.
Le Premier ministre, F. Fillon, a évoqué les “avancées considérables” permises par la loi en vigueur, ajoutant qu’”il faut avoir la modestie de reconnaître que la société ne peut pas répondre à toutes ces questions“. Par nature, une loi pose des interdits et si on allait vers une loi plus libérale sur l’euthanasie, celle-ci serait à son tour mise à mal par des cas particuliers. Pour la ministre de la Justice, R. Dati, une loi légalisant l’euthanasie serait contraire à notre droit : “nous avons fondé notre droit, et aussi bien la Convention européenne des droits de l’homme, sur le droit à la vie“. R. Bachelot, ministre de la Santé, a rappelé que les médecins doivent soulager les patients et donc leur intervention “ne peut avoir pour effet dans notre droit et dans notre philosophie de la vie de mettre fin à la vie des patients” ; “la mort ne peut en aucun cas procéder d’un projet auquel le corps médical est associé“. “Nous n’avons pas le droit d’interrompre volontairement la vie“, conclut Nicolas Sarkozy.
Dans Le Figaro, Martine Perez dénonce le paradoxe de cette demande : “alors qu’un nombre croissant de pays bannissent la peine de mort, au nom du respect absolu de la vie, la demande d’élimination des malades incurables et qui souffrent fait paradoxalement le chemin inverse“.
A l’heure où nous écrivons, nous apprenons la mort de Chantal Sébire. Les circonstances de son décès ne sont pas encore connues.