Une étude publiée dans Nature Communications présente des conclusions qui appellent à la prudence vis-à-vis de l’utilisation de CRISPR. Menée par des chercheurs américains, cette étude montre que l’édition de gènes, et en particulier le « knock out »[1] de gènes, peut entrainer dans de nombreux types de cellules, « un avantage sélectif aux cellules hébergeant des mutations sur les gènes associés au cancer, tels que p53 et KRAS ». « Nous avons montré que lorsque CRISPR-Cas9 est utilisé pour modifier le génome, les cellules présentant des mutations associées au cancer sont susceptibles d’être sélectionnées pour survivre, et de façon plus répandue que les scientifiques ne le pensaient », explique Ani Deshpande, co-auteur principal.
« Ce n’est pas la première fois que les chercheurs montrent que CRISPR peut introduire des changements potentiellement dangereux », rappelle Eytan Ruppin, co-responsable de l’étude. « Cependant, c’est la première fois que ces effets sont démontrés dans autant de types de cellules ». De fait, « nous devons procéder avec prudence » dans l’utilisation de thérapies géniques basées sur CRISPR-Cas9, conclut-il.
Les chercheurs estiment que d’autres versions de CRISPR développées plus récemment seraient moins susceptibles de comporter ce risque : « Les premières versions de CRISPR généraient des cassures double brin [de l’ADN], mais les plus récentes simplifient les modifications (…) ; en utilisant une version non coupante », ces problèmes seraient évités.
[1] Inactivation totale d’un gène.
Source : Medical Press (11/11/2021) ; A systematic genome-wide mapping of oncogenic mutation selection during CRISPR-Cas9 genome editing, Nature Communications (2021). DOI: 10.1038/s41467-021-26788-6 – Photo : iStock