Des chercheurs ont étudié la réaction au stress de 131 jeunes femmes[1], prenant la pilule contraceptive ou non. En mesurant les niveaux d’ACTH[2], « l’hormone du stress », dans le sang de ces femmes, ils ont constaté que le niveau de stress des femmes sous contraceptif ne diminuait pas après « 15 minutes d’activité sociale »[3], contrairement aux autres. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Behavioural Brain Research[4].
« Etre en compagnie d’autres personnes est l’un des moyens les plus efficaces de réduire le stress », affirme Michael Winterdahl, chercheur de l’université d’Aarhus et co-auteur de l’article. Les études précédentes se sont principalement concentrées sur les taux de cortisol, dans des circonstances extrêmes. L’ACTH change beaucoup plus rapidement que le cortisol, ce qui permet d’observer et d’analyser les changements rapides dans la réponse au stress.
Les chercheurs doivent encore expliquer pourquoi les utilisatrices de la pilule contraceptive ne ressentent pas la même réduction des niveaux d’hormones de stress. Leur hypothèse est qu’elle peut supprimer la production de progestérone par l’organisme. Or l’alloprégnanolone, un métabolite de la progestérone, « est impliquée dans un large éventail d’effets calmants et peut avoir une influence sur la réponse au stress ».
Le rôle du cycle naturel
Chez les femmes ne prenant pas la pilule, l’étude a révélé que la réponse au stress dépend de la phase de leur cycle menstruel. En effet, les activités de groupe visant à réduire le stress n’ont eu aucun effet sur les niveaux d’ACTH des femmes juste après la fin de leurs règles. Pendant cette phase, « les niveaux de progestérone sont très bas » précise Michael Winterdahl.
Le chercheur souligne que les femmes sont généralement « plus actives physiquement » à ce moment de leur cycle. « Ce qui pourrait être considéré comme une adaptation » : « la réponse au stress et le comportement changent en fonction du cycle ». Chez les femmes qui utilisent la pilule contraceptive, la réponse au stress est « déconnectée », « elle ne peut pas être adaptée à une situation donnée ».
Les scientifiques prévoient de reproduire leurs expériences « avec un groupe de sujets plus important et plus diversifié ».
[1] Leur âge moyen était 20,5 ans.
[2] L’ACTH (hormone adrénocorticotrope) est une hormone fabriquée dans l’hypophyse dont le rôle est de stimuler les glandes surrénales à sécréter du cortisol.
[3] Après une première prise de sang, les femmes pouvaient participer à une « activité de groupe », comme jouer à des jeux de société, apprendre à se connaître, chanter ensemble ou assister à un service religieux.
[4] Marie Vadstrup Pedersen et al, Adrenocorticotropic hormone secretion in response to anticipatory stress and venepuncture: The role of menstrual phase and oral contraceptive use, Behavioural Brain Research (2023). DOI: 10.1016/j.bbr.2023.114550
Source : Medical Xpress, Aarhus university (07/07/2023) – Photo : iStock