Comprendre la souffrance, mais ne pas céder à l’émotion

Publié le 14 Avr, 2008

Bertrand Mathieu, professeur à l’université Panthéon Sorbonne Paris I, revient sur la question de l’euthanasie suscité par l’affaire Sébire (cf. Synthèse de presse du 28/02/08).

S‘il suggère que la souffrance subie par ceux qui demandent à mourir soit prise en compte, il dénonce "ceux qui exploitent cette situation pour faire pression sur l’opinion et sur le législateur pour obtenir que leur conception d’un droit à mourir dans la dignité s’impose par la loi".

Il conteste l’expression "droit à mourir dans la dignité", qui sous-tendrait qu’il y a "des vies qui ne valent pas la peine d’être vécues, qu’il y a des vies moins dignes que les autres". Il met en garde contre la création "d’une exception d’euthanasie" qui "établirait une échelle de valeur de la vie humaine qui ouvre la voix à toutes les dérives".

Il rappelle également que la loi a pour mission d’établir les cadres, les principes et les valeurs qui structurent une société et qu’elle ne doit pas "décliner l’ensemble des dérogations que telle ou telle situation particulière pourrait justifier au principe qu’elle pose". Dans ce cas, c’est au juge de dire "si une violation de loi commise dans un contexte particulier peut justifier une excuse ou une dispense de peine".

Cet argument parfois qualifié d’hypocrisie est en fait le seul moyen "de chercher un équilibre entre le maintien des principes qui structurent nos sociétés et la résolution de situations personnelles particulièrement douloureuses", explique Bertrand Mathieu. Remettre en cause l’interdiction de donner la mort à autrui présenterait de nombreux dangers, explique-t-il, en pensant notamment aux personnes âgées dépendantes ou atteintes de maladies dégénératives.

"Lorsqu’un principe, en l’occurrence l’interdit de donner la mort, est écorné pour des raisons que l’on peut humainement comprendre, il est ensuite facile d’y déroger pour satisfaire des logiques plus pernicieuses." "Les bons sentiments et la compassion peuvent parfois conduire aux pires égarements", conclut-il.

La Semaine Juridique (Bertrand Mathieu) 02/04/08

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