Le 10 mai dernier, la Cour constitutionnelle de Colombie dépénalisait l’avortement dans 3 situations : en cas de viol, de malformation du fœtus ou si la grossesse met en danger la santé de la mère.
Depuis 1979, 5 propositions de loi de dépénalisation de l’avortement avaient déjà été déposées mais toutes avaient été rejetées. Cela s’explique notamment par l’influence de l’Eglise et de différents mouvements comme l’Opus Dei ou les Légionnaires du Christ. Rappelons que la Colombie était sous concordat avec le Vatican jusqu’en 1991.
Pour faire passer le nouveau texte, Monica Roa, avocate de l’association Women’s Link Woldwide s’est attaquée au texte qui pénalisait l’IVG, affirmant qu’il violait plusieurs droits élémentaires des femmes. De son côté, l’Eglise a multiplié les rassemblements de ses fidèles afin de sensibiliser la Cour. Le cardinal Pedro Rubiano a annoncé qu’il envisageait d’excommunier les magistrats qui autoriseraient le recours à l’avortement.
Selon une enquête démographique, 300 000 Colombiennes recourraient chaque année à un avortement clandestin*. Selon une autre étude, 1 femme sur 10 de moins de 19 ans aurait déjà subi un avortement.
Du côté des pro-avortements, on se réjouit de cette nouvelle étape mais on craint l’obstruction des autorités pour obtenir une dépénalisation totale de l’avortement.
*NDLR : Rappelons que les militants pro-avortements annonçaient de 800 000 à 2.5 millions d’avortements en France, chaque année, avant la légalisation de l’IVG en1975. Ces chiffres ont été corrigés plus tard par l’INED qui a annoncé finalement 50 à 60.000 avortements clandestins chaque année avant la légalisation.
Libération (Michel Taille) 07/06/06