Le chinois Chen Guangcheng a été condamné à quatre ans et trois mois de prison ferme par le tribunal de Yinan (Shandong) pour avoir dénoncé les stérilisations forcées et les avortements tardifs menés par les autorités locales. Sans doute plus de 10 000 femmes sont concernées. Des femmes ayant déjà deux enfants ont été contraintes à la stérilisation, d’autres enceintes de leur troisième enfant ont été forcées d’avorter parfois au septième voire au huitième mois de grossesse. Ces pratiques, bien qu’illégales, sont utilisées par les autorités locales pour "ne pas dépasser les quotas", imposés par la politique de l’enfant unique.
Chen Guangcheng, qui les a dénoncées, a été arrêté pour "troubles à l’ordre public, dégradation volontaire des biens de l’Etat et obstruction de voies à la circulation". Les autorités locales n’ont pas apprécié que Chen Guangcheng aille saisir la commission d’état du planning familial – qui s’est trouvée dans l’obligation d’arrêter les fonctionnaires concernés – et parle à des journalistes étrangers. L’hebdomadaire américain Time l’a classé en 2006 parmi les 100 "personnalités qui façonnent notre monde". En septembre 2005, Chen Guangcheng avait été placé en résidence surveillé, puis battu en octobre et enfin emprisonné début janvier en attendant son procès…
Chen Guangcheng a aujourd’hui 34 ans. Aveugle de naissance, il s’est formé de manière autodidacte en droit pour devenir conseiller juridique des victimes de son village.
Enfin, rappelons que le parlement chinois a décidé fin juillet de ne pas qualifier de crime l’avortement sélectif visant les petites filles (cf. revue de presse du 03/07/06).
Libération (Abel Ségrétin) 25/08/06 – La Croix (Jean Décotte) 25/08/06 – Le Figaro 03/08/06