Chine : au coeur du trafic d’organes

Publié le 25 Avr, 2006

Le journal Le Monde revient sur le trafic d’organes en Chine à la suite des déclarations du Pr Stephen Wigmore (cf. revue de presse du 20/04/06).

Le Centre international d’assistance à la transplantation de la ville de Shenyang (Nord-Est de la Chine) fait l’intermédiaire entre les donneurs d’organes chinois ("disponibles immédiatement !" selon la publicité sur le site Internet) et les "receveurs" étrangers. Le site Internet du Centre précise que les mois de décembre et de janvier sont les plus favorables aux demandes d’organes… car le nombre des exécutions est traditionnellement plus élevé avant le Nouvel An chinois. Par tradition, il n’y a pas d’exécution au début du printemps, symbole du renouveau. Le vice-ministre chinois de la santé, Huang Jie-Fu, chirurgien spécialiste de la greffe du rein, a récemment annoncé que "95% des organes transplantés en Chine proviennent de condamnés exécutés".

Le trafic d’organes s’alimente aussi après des plus démunis qui n’hésitent pas à vendre un rein pour subvenir à leur besoin. Ainsi dans les toilettes de l’hôpital de Chaoyang de Pékin, plusieurs annonces proposant des reins sont collées sur les murs.

Un rapport du département américain de 2001 révèle que des déclarations "font état de prélèvements d’organes sur des prisonniers encore vivants et des exécutions planifiées afin de répondre à des demandes spécifiques d’organes", déclarations confirmées le 19 avril par le Pr Stephen Wigmore. Le gouvernement chinois a lancé une réflexion pour donner un cadre législatif aux transplantations. Le 28 mars dernier, le ministère de la santé a annoncé qu’à partir du 1er juillet un "règlement temporaire" allait être appliqué interdisant le commerce et le trafic d’organes et réglementant l’utilisation des organes des condamnés à mort exécutés. Pourtant depuis 1984, l’article 3 d’une autre "réglementation temporaire" réglemente déjà l’utilisation des cadavres des prisonniers exécutés…

Chaque année, environ 20 000 greffes sont effectuées en Chine pour 2 millions de receveurs potentiels en attente d’un organe. Mais la Chine est devenue la destination principale, devant la Colombie ou l’Afrique du Sud, des étrangers désireux de se faire greffer un organe. Ce sont principalement des Japonais (350/an selon le quotidien Asahi Shimbun de Tokyo), des Coréens, des Ukrainiens, des Israéliens (20/mois selon le président de l’association israélienne des malades du rein). La transplantation d’organes aux étrangers est un "business" qui "profite à tout le monde" explique un intermédiaire nippon. Selon les experts médicaux étrangers, les prix pratiqués sont bien plus élevés qu’ailleurs : 62 000 dollars pour un rein, une centaine de milliers pour un foie, entre 150 000 et 170 000 dollars pour un pancréas, 160 000 pour un coeur, 30 000 pour une cornée.

Récemment, les autorités chinoises ont été embarrassées par des déclarations de la presse japonaise qui révélait la mort de 7 patients nippons, entre 2004 et début 2006, suite à une greffe de rein réalisée dans les hôpitaux de Shanghai et de Changsha. Par ailleurs, 7 Malaisiens seraient morts suite à de semblables transplantations d’organes.

Le Monde (Bruno Philip) 25/04/06

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