Cellules souches embryonnaires et cellules iPS : où en est-on ?

Publié le 31 Août, 2009

Embryons : premier essai clinique

 

La Geron Corporation, compagnie leader en recherche sur les cellules souches embryonnaires, devait tester cet été le GRNOPC1, un produit à base de cellules souches embryonnaires traitant les lésions de la moelle épinière, sur 8 à 10 patients récemment atteints de paraplégie. Le traitement, administré dans les quinze jours après la lésion, devait permettre de régénérer la gaine de myéline.

 

Suspension par la FDA

 

Mais la Food and Drug Administration (FDA) a suspendu l’autorisation. Il semblerait que les expériences aient été reportées à une date ultérieure et non encore définie afin de réaliser au préalable de nouveaux tests sur l’animal : Geron s’était livrée à 24 études, menées séparément sur des souris et des rats mais il resterait pourtant des problèmes liés à la nature même des cellules souches embryonnaires, notamment une tendance à induire des tumeurs ou des dérèglements du système immunitaire. Pour Evan Snyder, neuro-scientifique dirigeant le centre de recherche sur les cellules souches de l’Institut Burnham pour la recherche médicale à San Diego, “les données pré-cliniques elles-mêmes ne justifient pas les essais cliniques“. Notons par ailleurs que le prélèvement des cellules souches embryonnaires occasionne la mort des embryons et présente de ce fait de nombreux problèmes.

 

Cellules iPS et cellules adultes

 

En revanche, les études sur les cellules iPS et sur les cellules souches adultes connaissent des avancées positives. Ces techniques, que certains qualifient d’” alternatives” aux cellules souches embryonnaires, laissant croire par là même que la recherche sur l’embryon constituerait la norme en la matière, ouvrent des perspectives de recherche très prometteuses et ne faisant l’objet d’aucune réserve éthique.

 

Ainsi des chercheurs ont découvert un moyen d’améliorer la reprogrammation cellulaire. Ils se sont aperçus que le gène suppresseur de tumeur p53, surnommé gardien du génome, a pour rôle non seulement d’arrêter net les cellules en train de devenir cancéreuses, mais aussi de faire barrière à la reprogrammation des cellules adultes en cellules souches. Cela expliquerait pourquoi peu de cellules adultes se transforment en cellules iPS lors de la reconduction opérée par les scientifiques : deux des facteurs de reprogrammation employés sont en effet des oncogènes (Kif4 et c-Myc) risquant d’induire un cancer, ils activent donc le gène p53 qui bloque également la reprogrammation. En inactivant le gène p53, il serait ainsi possible d’obtenir une reprogrammation cellulaire 10 fois plus efficace, sans même recourir aux stimulants oncogènes. Les cellules iPS obtenues par ce moyen ont permis de donner naissance à des souris en bonne santé, capables de se reproduire. Néanmoins, le gène p53 étant un “gardien de la stabilité du chromosome“, sa manipulation à visée thérapeutique doit être approchée “avec précaution“, précise Konrad Hochedlinger (Boston, Etats-Unis) qui a participé aux travaux avec deux équipes espagnoles.

 

Dans le domaine de la recherche sur les cellules souches adultes, l’équipe de Kinarm Ko et Hans Schöler, de l’Institut de biomédecine moléculaire Max Planck (Münster), a réussi à transformer des cellules issues de testicules de souris en cellules souches pluripotentes uniquement en modifiant leurs conditions de culture. Placées dans un récipient qui leur laisse plus d’espace, les cellules mises en culture sont retournées d’elles-mêmes à l’état embryonnaire. 

 

Par ailleurs, l’équipe de David Gamm, de l’Université Wisconsin-Madison, a réussi à créer différents types de cellules de la rétine à partir de deux types de cellules souches de peau. 

 

Enfin, des chercheurs américains de la Mayo Clinic (Rochester) ont réussi à restaurer en quatre semaines la fonction et la structure du cœur de souris victimes d’infarctus par implantation de cellules iPS directement dans le muscle cardiaque. Jusqu’à maintenant, des modèles animaux avaient bénéficié de cette technique pour la maladie de Parkinson, la drépanocytose et l’hémophilie A.

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