Le 18 mai 2010, le Planning familial a annoncé le lancement d’une campagne nationale, les 28 et 29 mai prochains, pour obtenir le remboursement de tous les moyens de contraception. Affirmant que "la meilleure contraception, c’est celle que l’on choisit", le planning familial estime que le prix peut être un obstacle au choix d’une méthode contraceptive adaptée. Certaines femmes arrêtent leur contraception devenue trop coûteuse et se retrouvent "en rupture de contraception". Philippe Lefebvre, chef de service au centre d’orthogénie du centre hospitalier de Roubaix, pense que certaines IVG s’expliquent par l’absence de renouvellement de la contraception et que "le prix intervient sûrement davantage que ce qu’osent dire les patientes" dans le choix du moyen contraceptif. En 1974, cinq ans après l’arrivée de la pilule contraceptive en France, la loi a instauré "le remboursement de la contraception par la Sécurité sociale, mais la diversification des méthodes n’a pas été suivie d’un élargissement de la prise en charge". Certaines pilules sont remboursées à 65% ainsi que les stérilets* et les implants mais pas le patch ni l’anneau vaginal. Dans son rapport de février 2010 sur les grossesses non désirées, l’IGAS a publié un comparatif montrant les différences de coût entre les contraceptifs : "le coût annuel varie d’environ 2 euros par an pour le stérilet au cuivre, à 170 euros pour le patch ou l’anneau".
Les laboratoires pharmaceutiques n’ont pas d’intérêt au remboursement des produits contraceptifs car ils "n’ont alors plus la liberté d’en fixer le prix". Après la parution du rapport de l’IGAS, Roselyne Bachelot a dit sa volonté de voir remboursés les anneaux et les patchs. Certains laboratoires ont déjà entamé des démarches pour une demande de prise en charge. Mais l’élargissement des remboursements permettra-t-il de mettre un terme au problème français où le taux d’IVG reste élevé alors qu’il y a déjà une large couverture contraceptive ? Sur les 200 000 avortements annuels en France, 72% sont pratiqués sur des femmes sous contraception (Cf. Synthèse de presse du 02/02/10).
* [NDLR : présenté comme un contraceptif, le stérilet a un effet abortif quand il empêche la nidation de l’embryon ]
Le Monde (Laetitia Clavreul) 19/05/10