Plus de 20 000 personnes ont été stérilisées contre leur gré par le gouvernement californien jusqu’à l’abrogation d’une loi eugéniste en 1979. Elles étaient jugées « inapte[s] à avoir des enfants », en raison de maladies mentales, de handicaps physiques ou « d’autres caractéristiques jugées indésirables ». Parmi les victimes, certaines avaient à peine 14 ans. Le programme de stérilisation forcée avait été mis en place dès 1909, et semble persister : une étude du Center for Investigative Reporting en 2013 « a révélé que la Californie avait stérilisé 144 femmes entre 2005 et 2013 avec peu ou pas de preuves que les fonctionnaires les conseillaient ou leur offraient un traitement alternatif ». « Bien que toutes les femmes aient signé des formulaires de consentement, les fonctionnaires, dans 39 cas, n’ont pas fait tout ce qui était légalement requis pour obtenir leur autorisation. »
Un programme spécifique de « ligature des trompes » aurait également été instauré dans les prisons californiennes en 1999 à des fins de contrôle des naissances. Mais cette pratique a été prohibée par la loi en 2014. Désormais, seules les stérilisations « médicalement nécessaires » sont autorisées.
Un programme de réparation se développe pour indemniser les victimes encore en vie, soit plus de 600 personnes. Le gouverneur, Gavin Newsom, doit signer prochainement l’attribution d’un budget de 7,5 millions de dollars pour ce programme, dans le cadre du budget de fonctionnement de l’Etat. Celui-ci sera géré par la Commission d’indemnisation des victimes de la Californie et permettrait d’indemniser les victimes à hauteur de 25 000 dollars. La Virginie et la Caroline du Nord ont également procédé à des indemnisations du « mouvement dit “eugénique”, qui a atteint son apogée dans les années 1930 » (cf. Etats-Unis : Caroline du Nord, 7600 « noirs américains » stérilisés de force entre 1929 et 1974).
« Je ne sais pas si c’est la justice. L’argent ne paie pas pour ce qui leur est arrivé. Mais c’est formidable de savoir que cela est reconnu », a déclaré Stacy Cordova, la nièce d’une victime, qui a plaidé en faveur de leur indemnisation. Seules les “victimes directes” y ont droit. « Pour moi, ce n’est pas une question d’argent. C’est une question de mémoire. »
Source : Associated Press, Adam Beam (07/07/2021) – Photo : iStock