Bioéthique : le point de vue d’Axel Kahn et de Lucien Sève.

Publié le 2 Juil, 2001

Dans une récente  interview à l’Humanité, Axel Kahn et Lucien Sève,philosophe et ancien membre du CCNE répondent aux questions de Lucien Degoy sur l’actualité bioéthique.

Axel Kahn explique l’attitude prudente du gouvernement par une perspective électorale alors que Lucien Sève dénonce une prise de conscience tardive de la part du gouvernement sur un débat pourtant incontournable.
Concernant l’autorisation de la recherche sur les embryons, Axel Kahn considère qu’utiliser des embryons surnuméraires dans un protocole de recherche à visée thérapeutique « est une occasion de les intégrer à une entreprise humaine et humaniste qu’ils n’auraient pas eue sans cela ». 

Il poursuit en affirmant qu’il n’est pas légitime d’assimiler  l’embryon à une personne même « s’il en est les prémices » tout en considérant que le développement embryonnaire est un processus continu et que « l’embryon  présente une singularité justifiant le respect ».  Pour Lucien Sève,  « un embryon congelé, pour être surnuméraire, n’a pas perdu sa  potentialité  biologique de devenir un être humain ». Il ajoute que le respect de l’embryon fait éminemment partie de l’ordre civilisé de la société. Issu d’une procréation ou d’un transfert de noyau le zygote peut donner un être humain. Considérer l’embryon comme un organisme cellulaire serait donc un  « redoutable recul de l’humanité civilisée ». Axel Kahn et Lucien Sève sont tous les deux favorables à l’élaboration d’une politique européenne sur la bioéthique afin d’éviter des dérives dangereuses  et « un tourisme procréatique ».

Enfin, ils s’opposent chacun à la brevetabilité du génome humain, qui aux yeux de Lucien Sève est un attentat direct au savoir fondamental qui doit rester public, ainsi qu’au vivant.

Par ailleurs, dans une interview au Figaro Magazine, Axel Kahn souligne que les progrès en génétique  ne doivent pas être mis au profit d’une tendance eugénique et aboutir à une discrimination par les gènes. Les tests génétiques par exemple, qui permettent de déterminer la présence de gènes de prédisposition à une maladie, doivent être limités aux familles à risque, sans céder aux  pressions des sociétés qui les commercialisent.

Pour conclure, Axel Kahn avoue que les peurs du public en matière de manipulation génétique sont parfaitement justifiées et rappelle que c’est à la société de fixer à la recherche ses limites et non aux chercheurs.

 

L’Humanité 21/06/01 – Le Figaro Magazine 30/06/01

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