Ruwen Ogien, philosophe directeur de recherches au CNRS, revient sur le projet de loi de bioéthique, adopté le 15 février 2011, qu’il pense "aussi peu ouvert aux évolutions de la société que les précédents".
Selon lui, la France possède l’ "un des régimes bioéthiques les plus autoritaires d’Europe" car fondé sur "le paternalisme politique et médical" de l’Etat qui ne laisse pas le choix "au citoyen de décider ce qui est bien pour lui".
Il parle de "dogmatisme" à propos du modèle familial traditionnel hétérosexuel, qui expliquerait le maintien de l’anonymat du don de gamètes, de la prohibition de la gestation pour autrui, ainsi que l’interdiction de l’AMP aux couples homosexuels.
"La volonté de justifier la législation par des grands principes comme celui de la dignité humaine" n’est, selon Ruwen Ogien, pas recevable. Il ne voit pas pourquoi le modèle familial fondé sur un père et une mère "exprimerait mieux que n’importe quel autre la dignité de la personne humaine". Il considère que ce modèle repose sur un "préjugé culturel" qui "n’a rien d’universel".
Il souhaite que soient votées "des lois plus respectueuses de la diversité des styles de vie".
Libération 25/02/11