Dans L’Humanité, le généticien Axel Kahn déclare voir dans la décision de la Cour de cassation permettant à tout enfant mort-né d’être déclaré à l’Etat civil (cf. Synthèse de presse du 07/02/08), "une remise en cause de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG)".
Il estime que "les conséquences perverses de cet arrêt l’emportent de loin sur les douleurs et les frustrations auxquelles ils vont porter remède". Selon lui, dans une situation où est contestée la "liberté d’avorter" accordée aux femmes, la décision de la Cour de cassation qui représente une "étape absolument considérable pour qu’effectivement on reconnaisse un délit de féticide", pourra être brandie dans le but de remettre en cause la loi sur l’avortement.
Axel Kahn considère qu’il n’y a pas de vide juridique autour des enfants nés sans vie, comme l’évoque l’avocat général de la Cour de cassation. "Être inscrit à l’état civil, qui peut me dire sans rougir et la main sur le cœur, que ça n’est pas la première étape de la reconnaissance d’un statut ? Qu’est-ce que c’est que cet être sans statut qui sera inscrit sur un registre d’état civil ?", interroge-t-il. "Dans une longue querelle sur le problème, il s’agit d’un point d’appui considérable pour tous ceux dont la revendication est déjà d’élargir la décision de la Cour de cassation", regrette-t-il.
Il conclut son interview en disant que la "fiction juridique", sur laquelle se base notre société et selon laquelle "nous existons à la naissance", "a tellement d’avantages qu’il est imprudent de la remettre en question".
L’Humanité (Sophie Bouniot) 09/02/08