Au Canada, les patients d’un hôpital du système de santé William Osler ont pu lire cet écran publicitaire : « Au Canada, l’assistance médicale à mourir est un service médical dans lequel les médecins et les infirmières peuvent aider les patients éligibles à réaliser leur souhait de mettre fin à leurs souffrances ». La photo déborde de compassion : la main d’un médecin délicatement posée sur le bras d’une femme dans un lit d’hôpital. L’annonce propose un numéro de téléphone gratuit pour que les personnes intéressées puissent obtenir davantage d’informations.
Cet acte signe l’abandon profond de patients qui peuvent avoir peur, souffrir, être déprimés : le seul secours que leur propose l’hôpital est de mettre fin à leur vie. La publicité ne mentionne pas les soins palliatifs ou d’autres moyens pour réduire ou éliminer les douleurs, sans tuer. Elle n’explique pas que des conseils peuvent aider les gens à retrouver le désir de vivre, elle ne dirige pas vers des services de prévention du suicide, mais elle cache le fait que l’assistance médicale à mourir est un euphémisme pour parler d’homicide par injection létale. Elle montre à quel degré la loi, adoptée par la Suprême Court il y a trois ans, s’est imposée dans les mentalités : l’euthanasie n’est pas seulement légale, le gouvernement en a transformé l’accès en un droit positif. Aussi il est à craindre que l’assistance médicale à mourir s’étende à des personnes incompétentes légalement à décider de leur fin de vie ou à des mineurs, ou à des patients sérieusement malades qui pourraient se mettre dans la situation d’être euthanasiés en se laissant dépérir par la faim par exemple.
Cette publicité l’atteste : l’assistance médicale à mourir n’a pas seulement été normalisée au Canada, elle est en train d’être perçue par les puissants comme le « traitement » de choix des personnes très malades. Et une société obsédée par l’élimination des souffrances finit rapidement par le faire en éliminant ceux qui souffrent. Et quel meilleur moyen pour réduire les coûts médicaux ?
L’euthanasie corrompt tout ce qu’elle touche, y compris le système de santé et la perception de la valeur des personnes malades ou handicapées.
National Review, Wesley J. Smith (13/11/2018)