Appel pour un moratoire sur les modifications génétiques des cellules humaines reproductrices

Publié le 15 Mar, 2015

Dans une tribune du journal scientifique Nature, des dirigeants de Sangamo Biosciences (groupe industriel spécialisé dans les biosciences), et des représentants de l’ARM (Alliance for Regenerative Medicine) appelaient vendredi à un « moratoire interdisant la fécondation à partir de cellules ayant déjà fait l’objet d’expérimentations ». Les cinq signataires sont inquiets des dérives que pourraient entrainer les manipulations de cellules humaines reproductrices : « Des modifications héréditaires du génome humain présentent de sérieux risques, et les bénéfices thérapeutiques sont ténus ».

 

Ils disposent aujourd’hui d’outils, « les technologies d’édition du génome » ou CRISPR[1], permettant de modifier le génome de cellules somatiques, dans le but de réparer ou d’éliminer une mutation entrainant une maladie. Encore à l’état d’expérimentations, ces outils pourraient être utilisés sur des cellules reproductrices, « dans un but non thérapeutique ».

 

Cette technologie « fascinante », aujourd’hui accessible à faible coût, s’avère «dangereuse et contraire à toute éthique ». « Toucher au génome de l’embryon revient à changer l’espèce humaine ». Le danger principal dénoncé par ces chercheurs est la manipulation de gènes sur les gamètes, avant une fécondation. Les modifications deviendraient héréditaires, et les conséquences sont « imprévisibles» sur les générations suivantes.

 

Les législations sur la question sont variées, certains pays n’ont même aucun cadre règlementaire pour ces pratiques.

 

Au lendemain de cet appel, un groupe de chercheurs de Harvard a annoncé avoir manipulé génétiquement de futurs embryons humains. Les résultats n’ont pas encore été publiés, la recherche portait sur la modification de cellules ovariennes prélevées sur une femme atteinte d’un cancer de l’ovaire héréditaire, dans le but de créer des embryons non porteurs de cette maladie héréditaire.

 

D’autres recherches seraient en cours dans un laboratoire de Boston, ainsi qu’en Chine et en Grande Bretagne.

 

[1] Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats

Nature, 13.03.2015 – Atlantico, 14.03.2015 – Science Presse, 16.03.2015

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