Le quotidien La Croix publie le point de vue de quatre membres des Semaines sociales de France, Benoît Bonnichon, Blandine de Dinechin, Mathieu Monconduit et Jean-Pierre Rosa (respectivement secrétaire général, membre du conseil d’administration et conseillère conjugale, membre du conseil d’administration et médecin, et délégué général) concernant la levée de l’anonymat des donneurs lors de procédures d’assistance médicale à la procréation (AMP). Ils demandent, pour les enfants issus d’un don de gamète, "une loi bioéthique ambitieuse qui remette l’humain au centre des préoccupations". Ils rappellent qu’il n’existe aucune étude sérieuse "sur les enfants du don ni sur leurs familles, bien que le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) en ait souligné, en 1984, la nécessité".
Il conviendrait d’attendre les résultats d’études sur ce sujet "avant de crier victoire sur les bienfaits de l’anonymat". Selon eux, il ne relève pas de la compétence des médecins de détenir l’Etat civil des donneurs, comme l’a affirmé le Conseil d’Etat. L’anonymat, mesure d’exception sur les origines personnelles de milliers de jeunes font de ceux-ci "des bannis de la société", et ce choix adopté par la France, tant sur le plan juridique que psychologique n’est plus tenable (Cf. Lettre mensuelle de juin 2008, et Synthèse de presse du 05/03/08). Il est en effet impossible "de bâtir sa vie sur du sable mouvant" et chacun a sa part de responsabilité à prendre : "donner, mais avec le respect dû aux enfants issus du don; recevoir, mais avec la conscience que nous ne sommes pas propriétaires de nos enfants". Les lignes bougent désormais avec des donneurs qui se manifestent auprès d’associations telles que " ‘Procréation médicalement anonyme‘ avec le souci des conséquences de leur acte, sans pour autant rechercher un fils ou une fille", et des parents infertiles aident leur enfant dans leur combat pour accéder à leurs origines, "parce que ce n’est pas un père qu’il recherche".
Que des adultes ne puissent assumer "leurs conditions de vie (l’infertilité) ou leurs actes (le don)" ne doit pas être un prétexte pour "la ‘fabrication’ de nouveaux bannis". Les auteurs de l’article demandent qu’une nouvelle loi fasse cesser la situation des enfants issus du don, transformés en "pions venus du froid", avec l’allégation mensongère que "les cellules reproductrices seraient des cellules comme les autres". Alors qu’au Canada ou aux Etats-Unis, des "associations à but non lucratif" proposent l’adoption d’embryons congelés pour 10 000 dollars (8000 euros), une loi positive sur la levée de l’anonymat s’impose comme réparation pour faire reconnaître les enfants du don comme citoyens à part entière. Ces derniers seront alors "à n’en pas douter, les meilleurs avocats de la non-marchandisation et de la non- chosification de l’embryon".
La Croix (Benoît Bonnichon, Blandine de Dinechin, Mathieu Monconduit, Jean-Pierre Rosa) 19/05/10