Elever un enfant « sans genre » ?

Publié le 23 Mar, 2023

Paul Murphy, un député européen irlandais de People Before Profit-Solidarity, a annoncé avoir décidé, avec sa compagne Jess Spear, d’élever leur premier enfant « sans distinction de genre »[1]

« Nous ne donnons pas de genre à notre enfant. Nous ne décrivons donc pas Juniper comme un garçon, nous décrivons Juniper comme un bébé, mais il est de sexe masculin », indique le papa. En l’absence du créatif « iel » en anglais (cf. Entre pronom “iel” et télé transgenre pour les 9/12 ans), l’homme politique a précisé que sa femme et lui utiliseraient le pronom « they »[2] pour Juniper.

Lutter contre les stéréotypes ?

Pour Claire Crowe, psychologue clinicienne en pédiatrie, cette décision vise à « ouvrir des horizons et à responsabiliser les jeunes enfants ». « Il est logique que les parents s’inquiètent du fait que les rôles traditionnels stéréotypés en fonction du sexe puissent limiter la personnalité ou la cognition de leur enfant et qu’ils veuillent prendre des mesures pour y remédier », a-t-elle déclaré.

Beth Wallace, psychothérapeute, rappelle de son côté que « la façon dont un nourrisson est traité, y compris la façon dont on lui parle et dont on le traite, constitue les fondements de son sentiment d’identité et de ses relations avec les autres tout au long de sa vie ». Et même s’« il est positif de dire aux enfants que nombre de leurs choix dans la vie ne sont pas nécessairement déterminés par leur sexe », « il n’est pas nécessaire de nier la réalité du sexe pour y parvenir », pointe Sandra Adams, responsable d’un groupe de défense des femmes et des enfants (cf. Pr René Ecochard : « Il n’y a pas d’être humain asexué »).

Apprendre du passé

Les heureux parents sont très probablement dotés de bonnes intentions. N’est-ce pas toujours le cas ?

En 1965, Bruce Reimer sort d’une intervention ratée [3]. Alors qu’il a huit mois, son pénis est brûlé. Sur les conseils de John Money, inventeur de la « théorie du genre », ses parents décident d’élever Bruce comme une fille. Brenda est traité aux hormones féminines et subit une ablation des testicules à l’âge de 22 mois. Brenda grandit, porte des robes et joue à la poupée. Mais arrive l’adolescence. Brenda mue, se sent attirée par des filles, et remplace les œstrogènes par la testostérone. Ses parents lui révèlent la vérité, ainsi qu’à son frère jumeau, Brian.

Brenda devient David et subit une opération de reconstruction du pénis. David se suicidera en 2004, deux ans après son frère. Parfois, les expériences tournent mal.

 

[1] « gender neutral » ; The Times, Julieanne Corr Ignoring gender like Paul Murphy can give birth to another bundle of worries (19/03/2023)

[2] Ils/Elles en anglais

[3] C’est votre sexe qui fait la différence, Claudine Junien et Nicole Priollaud, Ed Plon, p.48

Photo : iStock

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