Infertilité masculine : une étude israélienne alarmante et controversée

Publié le 17 Nov, 2022

Une méta-analyse publiée en 2017 a fait état d’un déclin de 50 % du nombre moyen de spermatozoïdes depuis les années 1970. Les chercheurs, en s’appuyant sur ces résultats antérieurs et en y ajoutant des données plus récentes et couvrant 53 pays, concluent que la baisse du nombre de spermatozoïdes observée précédemment en Amérique du Nord, en Europe et en Australie est aussi retrouvée dans tous les pays du monde. Ces travaux, dirigés par le professeur Hagai Levine de l’université hébraïque de Jérusalem, ont été publiés dans la revue Human Reproduction Update[1].

Une étude alarmante

En plus d’être visible dans le monde entier, cette étude semble montrer que la chute du nombre de spermatozoïdes s’accélère. Les données supplémentaires incluses, couvrant une période allant de 2011 à 2018, ont révélé que le taux de déclin a doublé depuis 2000.

Or le nombre de spermatozoïdes n’est pas seulement un indicateur de la fertilité humaine ; c’est aussi un indicateur de la santé des hommes. En effet, une faible concentration en spermatozoïdes est associée à un risque accru de maladies chroniques, de cancer des testicules, et à une diminution de la durée de vie.

Les chercheurs n’ont toutefois pas examiné les causes du déclin du nombre de spermatozoïdes.

Une étude controversée

Ces résultats sont discutés par différents chercheurs qui remettent en cause la précision de ce type de méta-analyses longitudinales. Les techniques d’analyse du sperme sont variables, sans normalisation entre les laboratoires, et s’améliorent au fil du temps, pointent-ils.

Allan Pacey, professeur d’andrologie à l’université de Sheffield, estime que ces données reflètent « en grande partie » l’amélioration des techniques de mesure. D’autres chercheurs soulignent de leur côté que ces tendances ne sont pas observées dans des études plus ciblées, mettant en doute leur représentativité. Des travaux menés à Copenhague entre 1996 et 2010 avaient, par exemple, montré au contraire une augmentation du nombre de spermatozoïdes. Une étude canadienne sur les années 1984-1996 n’a, elle, relevé aucun changement.

En tout état de cause, le taux de spermatozoïdes retrouvé par l’étude israélienne « n’a pas atteint un niveau qui affecterait de manière significative la fertilité de la plupart des gens ». La concentration médiane chez les hommes se situe encore actuellement « autour de 40 millions par millilitre ». Selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé actuellement en vigueur, « tout volume supérieur à 15 millions de spermatozoïdes par millilitre est considéré comme normal ». « Au-delà de la simple concentration de spermatozoïdes, de nombreux autres facteurs peuvent jouer un rôle dans la fertilité masculine, notamment leur motilité ».

 

[1] Hagai Levine et al, Temporal trends in sperm count: A systematic review and meta-regression analysis of samples collected globally in the 20th and 21st centuries, Human Reproduction Update (2022). DOI: 10.1093/humupd/dmac035

Sources : Medical Xpress, Hebrew University of Jerusalem (15/11/2022) ; New Atlas, Rich Haridy (16/11/2022) – photo : iStock

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