Avortement et liberté d’expression : deux maires, deux choix

Publié le 1 Fév, 2022

Malgré les protestations contre une campagne d’affichage dénonçant la réforme envisagée en matière d’avortement, le maire de Madrid a refusé de retirer les affiches.

Mardi 18 janvier, l’Asociación Católica de Propagandistas (ACdP) lançait une campagne d’affichage dans 33 villes d’Espagne : « Prier devant les cliniques d’avortement, c’est bien. Ce message pourrait être annulé en raison de la réforme imminente de la loi sur l’avortement » [1]. En effet, les députés envisagent une modification du code pénal visant à inclure dans les délits passibles d’un an de prison maximum l’activité de ceux qui « harcèlent ou restreignent la liberté d’une femme qui entend exercer son droit à l’interruption volontaire de grossesse »[2].

La défense de la liberté d’expression à Madrid

Diffusée et commentée sur les réseaux sociaux, la campagne a suscité la réaction de la porte-parole du PSOE à Madrid, Mar Espinar. Dans un courrier adressé à José Luis Martínez-Almeida, le maire de la capitale espagnole et porte-parole du PP, elle demande le retrait des affiches. La réponse ne s’est pas fait attendre : « Madrid est une ville caractérisée par son haut degré de tolérance et de liberté, et cette liberté, comme il ne peut en être autrement, est à double sens », a-t-il tenu à préciser le vendredi suivant [3].

« L’exercice de ces droits, poursuit le maire, ne peut être restreint par aucune sorte de censure préalable. Il n’appartient pas à ce Conseil municipal de juger si l’opinion défendue par l’annonceur est moralement répréhensible ou souhaitable, mais si les Madrilènes qui défendent une telle position ont le droit de pouvoir l’exprimer en toute liberté, comme la Constitution le leur accorde. »

Autre ville, autre histoire

Cette histoire n’est pas sans rappeler celle de la campagne d’Alliance Vita menée à Paris il y a deux ans. Cette campagne proposait plusieurs affiches autour d’un slogan commun : « la société progressera », y ajoutant, selon les cas, « à condition de respecter la paternité » ou « la maternité », ou encore « la différence » [4].

Les affiches avaient été retirées à la demande de la maire de Paris, Anne Hidalgo. La régie publicitaire Mediatransports avait obtempéré le jour même. On fait « comme le progressisme a toujours fait : on censure », dénonçait alors Bertrand Vergely. A Paris, oui. Pas à Madrid.

 

Complément du 09/02/2022 : Le 3 février, les députés espagnols ont voté une modification du Code pénal qui prévoit des peines de prison allant jusqu’à 12 mois pour les personnes qui prient ou manifestent devant les cliniques qui pratiquent l’avortement. Le texte doit encore être examiné par le Sénat. Source : Aleteia, Agnès Pinard Legry (08/02/2022)

 

[1] El País, Almeida mantiene los carteles contra el aborto: “Madrid se caracteriza por su libertad”, Manuel Viejo (21/01/2022)

[2] Le ministère de l’égalité prévoit également de « réglementer l’objection de conscience et de garantir l’accès à l’avortement dans les hôpitaux publics de tout le pays, ainsi que de supprimer l’exigence du consentement parental pour les mineurs de moins de 16 et 17 ans ».

[3] A l’inverse de la décision du maire de Madrid, les affiches ont été décrochées à Valence ou Vitoria

[4] Gènéthique, Campagne d’affichage d’Alliance Vita : l’association obtient gain de cause auprès de la justice (06/01/2020)

Cet article de la rédaction Gènéthique a été initialement publié sur Aleteia sous le titre : Avortement : à Madrid, le maire défend la liberté d’expression

Photo : Pixabay

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