StopCovid : peu d’utilisateurs, beaucoup de frais et quelques arnaques

Publié le 11 Juin, 2020

Une semaine après l’adoption de StopCovid, des questions se posent quant à l’efficacité et au coût de cette mesure de traçage.

 

Même si les scientifiques estiment qu’une telle mesure « peut avoir une utilité dès les premiers téléchargements, il faudrait à StopCovid un taux d’adoption bien supérieur pour que celle-ci soit tangible ». En effet, en une semaine 1,4 million d’activations ont été dénombrées, soit environ 2 % de la population française. En comparaison, en Australie, l’application de suivi de cas contacts a été téléchargée par 8% de la population en 24 heures. Et en Norvège, c’est plus d’un quart de la population qui a adopté l’application de traçage au bout d’une semaine.

 

Un autre chiffre est crucial pour jauger de l’efficacité de StopCovid : celui du nombre d’utilisateurs actifs. En effet, un utilisateur peut désactiver l’application ou encore la mettre en sommeil. Pour le moment, le secrétariat d’Etat au numérique ne dispose pas de cette donnée mais plusieurs experts indépendants ont estimé qu’en fin de semaine dernière seulement 350 000 français étaient des utilisateurs actifs. « Ces 350 000 représentent environ 0,5 % de la population française : à titre de comparaison, environ 11% des norvégiens utilisent activement l’application nationale de suivi de contacts, lancée trois semaines avant son homologue française ».

 

Plusieurs raisons sont avancées par le Secrétariat d’Etat pour expliquer les réticences des Français à adopter StopCovid : « le fait que certains Français estiment imminente la fin de l’épidémie, alors que le déconfinement s’accentue ; une volonté de protéger leurs données personnelles ; ou encore la campagne de communication prévue par le gouvernement qui n’a pas été complètement lancée ».

 

Si le taux d’adoption de l’application est faible, « il est encore un peu tôt pour en tirer des conclusions sur son efficacité ». Certaines informations sont encore manquantes comme le taux d’adoption par région ou encore « le nombre de notifications envoyées par l’application, le nombre de tests effectués à la suite de ces alertes et la proportion, dans ces tests, de résultats positifs ou négatifs ».

 

Quoi qu’il en soit, la question de l’efficacité de StopCovid  n’est pas accessoire puisque, pour la CNIL, la légalité du dispositif en dépend.

 

Et aux interrogations concernant l’efficacité s’ajoutent celles de son coût de maintenance, supporté par l’Etat. « L’application Stop Covid, qui a été développée gratuitement, coûte en revanche plus de 200 000 euros d’hébergement. Un prix très supérieur aux pratiques du marché. Anticor a saisi le Parquet national financier ».

 

Par ailleurs, des chercheurs en cybersécurité ont révélé qu’ « au moins une douzaine de fausses applications de traçage de contacts, conçues pour ressembler à des outils officiels de lutte contre la pandémie, ont été déployées mondialement pour répandre des virus informatiques et dérober des données d’utilisateur ». Enfin, considérant les applications de traçage mises en place par les Etats, l’article explique que « des spécialistes du numérique, juristes et militants de défense des libertés voient dans ces applications les prémices d’une société de surveillance où des algorithmes savent tout de nous et nous envoient en permanence des instructions à suivre ».

 

Pour aller plus loin :

Le Parlement vote l’application StopCovid

La CNIL donne son feu vert à l’application StopCovid mais des interrogations demeurent

StopCovid : faire « passer le pistage des êtres humains avant le dépistage de la maladie » ?

Traçage en Chine : de la lutte contre la pandémie à la surveillance sanitaire quotidienne ?

Le Monde, Martin Untersinger (10/06/2020)

Ouest France, AFP (11/06/2020)

 

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