Des chercheurs dénoncent l’instrumentalisation pseudo-scientifique de données génétiques

Publié le 25 Avr, 2018

L’émergence d’un discours pseudoscientifique inquiète des chercheurs en génétique, en neurobiologie, en études sociales ou philosophiques de ces disciplines, qui mettent en garde contre l’utilisation qui est faite de ces données pour justifier « des différences psychologiques entre les êtres humains ».

 

Contre l’existence supposée d’un « ‘socle’ génétique, important et quantifié, à l’origine de différences psychologiques entre les êtres humains, en particulier selon la classe sociale, les origines ou le sexe », les auteurs de la tribune alertent contre un « usage dévoyé de la notion scientifique d’héritabilité ». Ils rappellent que « l’héritabilité dépend à la fois des variations génétiques et des variations environnementales présentes dans la population étudiée. En particulier, elle peut varier de 0% à 100% selon les conditions d’environnement ». Ils ajoutent d’autre part que « le fait que la variabilité génétique puisse rendre compte de x% de la variabilité d’un trait ne signifie pas qu’elle en est la cause biologique ».

 

L’autre domaine souligné par les chercheurs est celui des « différences hommes-femmes » « d’autres types de pourcentages fallacieux sont mobilisés ». Ils concernent, par exemple, la ressemblance entre un homme et une femme qui ne serait « que de 98,5%, du même ordre de grandeur » qu’entre un homme et un chimpanzé… « Le problème n’est pas seulement que ces chiffres sont discutables, voire pour certains clairement démentis par la recherche. On laisse croire qu’ils traduisent une chaîne causale purement biologique conduisant de la différence de bagage génétique à des différences psychologiques d’ampleur considérable. De tels raccourcis ne peuvent être faits ».

Les auteurs soulignent qu’ « hormis les effets délétères de certaines anomalies génétiques, la recherche n’a pas pu à ce jour identifier chez l’humain de variantes génétiques ayant indubitablement pour effet de créer, via une chaîne de causalité strictement biologique, des différences cérébrales se traduisant par des différences cognitives ou comportementales ».

 

Ils dénoncent « ces usages trompeurs de ‘quantifications génétiques’ », graves « s’agissant de sujets à forts enjeux politiques ».

Le Monde (25/04/2018)

Halte aux « fake news » génétiques

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