PMA : jusqu’où accepter que l’Etat s’immisce dans la vie privée ?

Publié le 18 Juil, 2017

Les enthousiastes d’une PMA[1] sans conditions ni restrictions  « ne voient aucun mal à placer le sort du genre humain dans les mains bienveillantes de l’État régulateur », s’étonne l’essayiste Laetitia Strauch-Bonart.

 

Nous assistons, selon elle, à « un mouvement général de judiciarisation des rapports humains » où « l’État […] préside à la réalisation de nos désirs quand la nature ou les circonstances nous en empêchent ».

 

Si, pour éviter un pouvoir abusif,  notre système politique a développé un système divisé en « droits-libertés », Laetitia Strauch-Bonart considère que « les “droits-créances” et leurs garanties d’éducation ou de santé pour tous » ont amené l’émergence d’un nouveau type de droit : « des “droits-désirs” dans une dynamique sans fin ».

 

« Imaginons, propose-t-elle, quand les technologies de diagnostic préimplantatoire, de fécondation in vitro et de modification génétique seront bien plus sophistiquées, et que nous pourrons choisir les caractéristiques futures de nos enfants, de la couleur de leurs yeux à leur taille, nous pourrons exiger de l’État de bénéficier de ces avancées. » Elle craint que l’assurance de la prise en charge par l’Etat n’empêche le questionnement moral nécessaire et correspondant à la gestion personnelle de la vie privée. Nous avons « des devoirs envers nous-mêmes, à commencer par la remise en question de nos désirs. Or, l’État, quand il autorise la manipulation de la procréation, y fait obstacle. »

 

 « Ce monde-là ne serait pas seulement un enfer juridique, il serait aussi une étrangeté morale », car nous avons aussi des devoirs envers les autres. « En l’occurrence, la responsabilité d’un parent envers son enfant est de lui offrir une filiation réelle et non fictive. Jusqu’ici, bien des femmes lesbiennes ou célibataires, quand elles voulaient un enfant, en faisaient un avec un homme en chair et en os. C’était imparfait, mais réel. Souvent, elles doutaient : qu’offrirai-je à mon enfant en le privant de la présence d’un père ? Avec force courage, elles offraient à leurs enfants l’histoire de ses origines. Si demain l’État avalisait la PMA ‘pour toutes’, qu’adviendrait-il de ce questionnement moral ? »

 

« Autrefois, la liberté revenait à faire de sa vie privée un sanctuaire. Aujourd’hui, on s’en remet à l’État et à la technique, qui s’immiscent littéralement dans nos chambres à coucher », conclut-elle.

 

[1] Procréation Médicalement Assistée.

Le Point, Laetitia Strauch-Bonart (17.07.2017)

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