Éteindre le pacemaker d’un patient, une euthanasie ?

Publié le 26 Sep, 2016

Un « dilemme éthique et juridique complexe », le premier de ce genre au Royaume-Uni : est-il juste de désactiver le pacemaker d’un patient qui le demande ? La question s’est posée pour Nina Adamowicz, atteinte d’une maladie cardiaque, opérée pour la première fois en 1996. Fin 2015, alors que son état de santé se détériore, elle déclare « je crois fermement que j’ai le droit de décider si je veux qu’il [le stimulateur] soit éteint ».

 

La demande « met son médecin dans une impasse ». Consulté, le comité d’éthique de l’hôpital craint des poursuites judiciaires et déconseille au médecin de passer à l’acte. Mais en octobre 2015, la requête de Nina Adamowicz est acceptée, car « les tests psychologiques montrent qu’elle comprend parfaitement les conséquences de sa demande ». Le médecin éteint le stimulateur cardiaque en présence de sa famille, et Nina Adamowicz décède le lendemain.

 

L’affaire, qui vient d’être révélée par la BBC, soulève le débat. Miriam Johnson, professeur de médecine palliative à Hull York Medical School soutient la décision de son collègue : «Un adulte compétent a le droit de refuser un traitement médical, que ce soit éteindre un stimulateur cardiaque ou arrêter une dialyse, même si ce traitement prolonge sa durée de vie et que son retrait le conduira à la mort». Aux Etats-Unis, cette pratique est d’ailleurs fréquente : le Docteur Westby Fisher, cardiologue à Chicago, a reçu une douzaine de demandes en 30 ans de carrière. Pour lui, cette procédure est comparable au retrait d’un tube d’alimentation, ou d’un ventilateur, et relève du principe d’autonomie du patient.

 

Mais pour d’autres médecins, cette pratique est dangereusement proche de l’euthanasie et d’une mort assistée. Pour le professeur Johnson, « il existe un lien direct entre le retrait du pacemaker et la mort ». Or le rôle du médecin est de protéger les personnes vulnérables.  Les recommandations de la British Heart Foundation sont claires, rappelle-t-il : « Même si le patient est en fin de vie, son stimulateur cardiaque ne doit pas être coupé ; son but n’est pas de redémarrer le cœur, il ne sera pas cause d’inconfort pour le patient ».

 

Il faut en effet différencier les stimulateurs cardiaques des autres dispositifs cardiaques implantés, dont les plus courants sont les défibrillateurs implantables. Un stimulateur envoie des impulsions électriques régulières pour maintenir un battement constant du cœur, tandis qu’un défibrillateur implantable n’envoie des impulsions que pour corriger une arythmie cardiaque, et peut être retiré en fin de vie sans s’apparenter à une euthanasie, car il peut être douloureux. 

BBC, Jennifer Tracey (24/09/2016); Daily Mail, Rachel Ellis (26/09/2016)

Photo : Pixabay – Photo libre de droits

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