Modification génétique d’embryons humains : début des travaux en Suède

Publié le 22 Sep, 2016

Comme annoncé au mois d’avril, le suédois Fredrik Lanner de l’Institut Karolinska de Stockholm a commencé ses travaux sur les modifications génétiques d’embryons humains à l’aide de CRISPR, sans se préoccuper des questions de sécurité et d’éthiques soulevées par ces recherches (cf. CRISPR-Cas9 : La Suède autorise à son tour les manipulations génétiques d’embryons humains).  

 

Il souhaite « en apprendre davantage sur la façon dont les gènes régulent le développement embryonnaire précoce », dans le but de proposer de nouvelles façons de traiter l’infertilité et de prévenir les fausses couches. Il veut « en apprendre davantage sur les cellules souches embryonnaires », pour développer les thérapies cellulaires. Pour cela il « utilise des embryons ‘sains’ donnés par des couples après leurs parcours de FIV à l’hôpital universitaire Karolinska ». Avec CRISPR-Cas9, il modifie « méthodiquement » une série de gènes qu’il a précédemment identifiés « comme étant cruciaux pour le développement embryonnaire », et sur lesquels il garde le secret avant la publication de ses résultats. Il a, à ce jour, utilisé « au moins une douzaine d’embryons » qu’il « détruit avant leur 14ème jour », mais il veut encore « affiner sa technique » avec ces premiers résultats. Il est « confiant » et se considère comme un « privilégié ».

 

Il assure ne pas prendre cette technologie « à la légère », et se positionne « contre l‘idée des bébés à la carte », mais il considère que la « recherche fondamentale est nécessaire et moralement acceptable ».

 

Ces travaux sont largement controversés : objections à la recherche sur l’embryon humain, crainte du bébé à la carte, mais aussi crainte quant à la sécurité de la technique : apporter des modifications à l’ADN dans des embryons humains pourrait accidentellement introduire des erreurs dans leur génome, créant par inadvertance une nouvelle maladie qui serait transmise aux générations suivantes. Marcy Darnovsky, qui dirige le Centre Génétique et Société en Californie, soutient la recherche sur l’embryon, mais s’oppose aux travaux de Fredrik Lanner : « La production d’embryons humains génétiquement modifiés est très dangereuse ; c’est la première étape vers des tentatives pour produire des êtres humains génétiquement modifiés. Or ce sont des changements permanents et probablement irréversibles dont nous ne mesurons pas les conséquences. Si nous produisons des bébés génétiquement modifiés, nous sommes susceptibles de nous retrouver dans un monde où ces bébés seront perçus comme étant biologiquement supérieurs. Il y aura les nantis génétiques et les démunis, ce serait une catastrophe sociale ».

NPR, Rob Stein (22/09/2016)

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