La fabrique des bébés ou l’«eugénisme du laisser-faire»

Publié le 22 Déc, 2015

C’est une réflexion sur les techniques de la procréation médicalement assistée (PMA) que mène Françoise Brulliard, cadre supérieure de santé à l’AP-HP, dans les pages Forum et débats du journal La Croix: 

 

Un marché incontestablement lucratif 

Elle entame son propos en rappelant que les techniques comme la PMA (procréation médicalement assistée) ou le DPI (Diagnostic pré-implantatoire) « se trouvent aujourd’hui projetées hors du monde médical soignant et sont sommées de répondre à des revendications sociétales de tous ordres. »

 

Suivant les lois de leur pays d’appartenance, des cliniques et des centres de fertilité sont ouvertes à ces revendications : « FIV (fécondation in vitro), FIV avec donneurs pour parents hétéro – ou homosexuels, DPI, choix du sexe de l’enfant, choix de donneurs et donneuses où se déploient les fantasmes de l’apparence, du niveau intellectuel, de critères religieux ou sociétaux.» La reproduction « normale » est décrite par ces centres de fertilité comme « un mécanisme au rendement décevant, aux résultats souvent imparfaits. »

 

Ces situations paraissent « éthiquement contestables », mais sont « incontestablement lucratives » : « On estime le marché de la PMA à 12 milliards de dollars par an aux Etats-Unis, et à plusieurs centaines de millions en Inde, marché considéré comme la version “low cost” des pratiques américaines. »

 

D’un “eugénisme du laisser faire” à une multitude d’embryons dans l’azote liquide

Françoise Brulliard ne cherche pas à éluder la réalité de ces techniques précisant que cette “fabrication d’embryons à partir de toutes sortes de gamètes […] génèrent une multitude d’embryons dont un nombre important reste stocké dans l’azote liquide”. Cela provoque une “suspension du temps”“une éternité technique inédite” explique-t-elle. Ce qui pose de nouveaux problèmes car “la technique et surtout la loi permettra certainement de faire naître un enfant hors de son temps de conception, une ou plusieurs générations après“.

 

Françoise Brulliard analyse : cette « fabrique des bébés » repose sur ce que le philosophe Philip Kitcher appelle « l’eugénisme du laisser-faire », « un eugénisme libéral, individuel répondant à des impératifs de désirs fantasmagoriques ou de situations sociétales. » Cela provoque une véritable « réification des enfants », qui « s’opère ainsi dans la réalité, mais surtout dans les esprits. »

 

 

La Croix (Françoise Brulliard) 23/12/2015

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