La bioéthique, un frein pour l’innovation ?

Publié le 6 Août, 2015

Une tribune virulente du Boston Globe, signée d’un psychologue diplômé de Harvard Steven Pinker, a déclenché une salve de commentaires. Steven Pinker soutient l’idée que la bioéthique « se met en travers du chemin » et retarde l’innovation.

 

Parmi les détracteurs de Steven Pinker, Daniel Sokol, un juriste et bioéthicien britannique écrit : « Les éthiciens doivent parfois se mettre ‘en travers du chemin’. La recherche pour soulager les souffrances humaines est importante, mais des tentatives malavisées peuvent  – et ont déjà – nui énormément ».

 

Pinker argumente en écrivant que « les retards engendrés par les règles bioéthiques empêchent de sauver des vies en refusant l’accès à des traitements potentiels ». Selon lui la fiabilité des biotechnologies est si difficile à prédire que « les politiques basées sur ces prédictions ne réduisent pas efficacement les risques ».

 

Sokol rétorque que « la bioéthique n’est pas censée se mettre en travers du chemin de la recherche, mais considérer les dangers potentiels ne peut être une responsabilité laissée aux seuls chercheurs ».

 

Hank Greely, professeur de droit à l’université de Stanford (Californie), démontre de son côté que les bioéthiciens font leur travail, en prenant l’exemple de la conférence d’Asilomar (1975) où des chercheurs, juristes et physiciens se sont accordés sur des directives concernant les manipulations génétiques.

 

Alice Dreger, bio éthicienne de l’Université de Feinberg (Chicago), en partie d’accord avec Steven Pinker, conteste cependant l’idée selon laquelle les directives actuelles suffisent à protéger les sujets humains. Pour elle, ces directives « ne sont pas assez mises en pratiques, et trop d’institutions éthiques cherchent à protéger les institutions plutôt que les sujets ».  Pinker répond alors que dans certaines régions, les chercheurs sont « surchargés de normes éthiques (…). Ce n’est pas parce qu’une personne se trompe qu’il faut augmenter la quantité de paperasserie ou la dureté des sanctions ».

 

D’autres commentateurs, Julian Savulescu, bioéthicien à l’Université d’Oxford ou Stuart Nicholls de l’Université d’Ottawa, regrettent que la bioéthique ait généralement une approche « trop prudente » envers les nouvelles technologies. Ils suggèrent d’instaurer des règles adaptées au contexte.

 

Nature (05/08/2015)

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