Une nouvelle technique permet de modifier les gènes

Publié le 9 Mar, 2014

 Le quotidien Le Figaro rapporte la mise au point d’une nouvelle technique par une équipe chinoise, parvenue à “cibler un gène dans une cellule puis [à] le modifier“. Concrètement, l’équipe chinoise a inactivé deux gènes chez le macaque et “produi[t] une vingtaine de singes ayant ces deux modifications“. 
Guillaume Pavlovic, responsable d’équipe à l’Institut clinique de la souris (ICS) à Strasbourg explique qu’ “avec cette nouvelle technique, le génome d’un primate a pour la première fois pu être modifié de manière contrôlée”. 

Jusqu’à présent, parmi les méthodes utilisées, la plus simple consistait en l’introduction, dans la cellule, de nouveaux gènes qui s’inséraient dans son génome. C’est précisément la technique utilisée pour la fabrication de plantes transgéniques ou pour la thérapie génique. Ce nouveau procédé, révélé en février dernier dans la revue Cell, repose sur une enzyme bactérienne appelée Cas 9 dont le rôle a été révélé en 2007 par des chercheurs de l’industrie laitière. En 2012, c’est une équipe internationale qui, dans la revue Science, démontrait que cette même enzyme pouvait être “guidée pour couper une séquence d’ADN précise” en lui apportant “un brin de matériel génétique complémentaire de la séquence d’ADN choisie“. Cette nouvelle technique permettra la production “[d’]animaux ou de végétaux génétiquement modifiés beaucoup plus rapidement“. Les méthodes et programmes nécessaires à sa mise en oeuvre sont fournis gratuitement aux laboratoires, ce qui explique la rapidité avec laquelle l’équipe chinoise est parvenue à le mettre au point. 

Pour Guillaume Pavlovic, “cette technologie est en train de révolutionner toutes nos pratiques à une allure que nous avons déjà du mal à suivre. Elle évolue vers toujours plus de sûreté et d’efficacité“. Mais pour Jacques Testart qui, récemment, faisait part de son inquiétude face aux dérives eugéniques permises par la sélection embryonnaire (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 04/03/2014), cette nouvelle technique ne permettrait pas de modifier les caractères génétiques d’un être humain. Car si elle permet de modifier un gène, “elle n’intervient qu’à un stade précoce de la fécondation, en travaillant sur les premières cellules“, un stade au cours duquel les défauts génétiques d’un individu ne peuvent être connus, et les gènes, par voie de conséquence, non réparés. Aujourd’hui, précise-t-il, le tri embryonnaire s’effectue “environ au stade huit cellules, en en prélevant deux pour les étudier. Cette technique chinoise n’est donc pas utilisable pour modifier les défauts existants“. En revanche, ajoute le biologiste, elle “semble plus intéressante pour faire de la thérapie génique, en corrigeant, après la naissance, des mutations favorables“. 

 Le Figaro (Pierre Kaldy – Cyrille Vanlerberghe) 08/03/2014

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