Réanimation néonatale : violation des droits des nouveaux-nés

Publié le 8 Mai, 2011

Dans un article publié dans L’Osservatore Romano, le Pr Carlo Bellieni, professeur en néonatologie et membre de l’European Society of Pediatric Research, dénonce certaines pratiques de réanimation néonatale qui bafouent les droits des nouveaux-nés. Ces pratiques, estime-t-il, "donnent l’idée d’une extension de la loi sur l’avortement jusqu’après la naissance, à la différence que dans le cas des nouveaux-nés, on ne provoque pas directement la mort, mais on suspend les soins médicaux, ce qui le même résultat."

Une série d’études de la canadienne Annie Javier montre ainsi que, pour un pronostic identique, les médecins réaniment moins les nouveaux-nés que les adultes. Dans le Journal of the American Medical Association, un article publié en 2000 montre également qu’en Europe et aux Etats-Unis, les médecins réanimateurs en néonatologie prennent en compte la charge que l’enfant représentera pour ses parents avant de décider de le réanimer. Une position qui fait dire à Michael Gross, dans Bioethics en 2002, que le critère de meilleur intérêt du patient, qui doit diriger la prise de décision médicale, est définie, dans le cas des nouveaux-nés, par rapport aux dommages qu’ils sont susceptibles d’occasionner à leurs parents et au niveau de handicap qu’ils risquent de présenter.

Dans l’American Journal of Bioethics, Dominic Wilkinson, néonatologiste et philosophe, affirme même que "dans certaines circonstances, il est justifié que les parents et les médecins décident de laisser l’enfant mourir même si sa vie méritait d’être vécue."

"C’est une vision tragique et mercantile de la vie qui possède en elle-même une valeur qui ne peut être considérée comme inacceptable", dénonce le Pr Bellieni qui explique que dans certains pays, et plus particulièrement dans ceux où le niveau de vie est élevé, il existe des protocoles pour ne pas réanimer les enfants qui risquent de présenter un handicap ou de mourir jeune.

De son côté, Annie Javier a publié deux études intitulées "Le critère de meilleur bien du patient n’est pas appliqué aux nouveaux-nés" (in Pediatrics, 2004) et "Les nouveaux-nés sont-ils différents des autres patients ?" (in Theoretical Medicine and Bioethics, 2007).

Si tant de médecins estiment que la mort d’un nouveau-né vaut mieux qu’une vie avec un handicap, il ne faut pas s’étonner que dans certains pays, on arrête de soigner ou d’hydrater des malades atteints de démence sénile ou incapables de s’alimenter elles-mêmes, note encore le Pr Bellieni, citant une étude des Annals of Internal Medicine (August 2002). Dans certains cas, les personnes handicapées mentales "disparaissent" même du système de santé (The Lancet, 2008).

Osservatore Romano 06/05/11

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