Frontières entre eugénisme et avancées génétiques

Publié le 9 Avr, 2001

 

Le décryptage du génome humain place le chercheur devant un vaste univers de   30 000 gènes dont la séquence reste encore mal connue. C’est un grand espoir pour la médecine dite « prédictive » puisque des cancers et autres dérèglements pourront être décelés en amont grâce à l’isolement de gènes de  « prédisposition ».

 

Par ailleurs, les espoirs sont tout aussi grands de triompher un jour de pathologies dégénératives en important des cellules saines dans les lésions, Axel Kahn parle lui même des « résultants enthousiasmants de la médecine régénératrice ». Le biologiste Nikolaus Heveker site un travail réalisé par un groupe interdisciplinaire de généticiens, biochimistes, théologiens et médecins allemands qui ont présenté dès 1997 un modèle de graduation en 7 étapes des différents aspects de développement prévisible dans le domaine de la biotechnologie.

 

Le biologiste avertit donc « d’un eugénisme démocratique » qui aboutirait à supprimer un problème non pas en changeant les conditions dans lesquelles un trait particulier devient problématique ni en guérissant le porteur du trait mais en l’identifiant pour l’amener au génocide (au sens littéral du terme).

 

Cela réside dans la conviction que la souffrance n’a pas de raison d’être, pas seulement pour celui qui souffre mais également pour l’entourage et la collectivité. Cette crainte est alimentée par les perspectives de certains tel Peter Sloterdjik, philosophe, qui défend l’idée d’une amélioration ou d’une « domestication » de l’espèce humaine par la génétique ou du prix Nobel James Watson pour qui « le vrai ennemi, c’est l’inégalité génétique préexistante qui rend certains individus incapables d’un fonctionnement normal ». Ces raisonnements collectifs peuvent mettre à mal le libre choix individuel dans l’acceptation ou non d’un dérèglement.

 

 

En effet, la question est de se demander si la collectivité ne s’exonéra pas du droit d’assistance pour ceux qui auront fait le choix, par exemple, de garder un enfant handicapé puisque la naissance de l’enfant aurait pu être évitée avec le recours au DPN suivi par une IMG (intervention médicale de grossesse).

On remarque que face à ces questions, les populations ne réagissent pas de la même manière. L’Allemagne est particulièrement sensibilisée à ces questions et a même refusé de signer la Convention sur la Bioéthique du Conseil de l’Europe la jugeant trop peu restrictive. D’autres  sont encore surpris par l’ampleur des polémiques déclenchées par leur pratique qui relevait, selon eux, de la volonté d’éviter des souffrances : que ce soit la Suède prescrivant la stérilisation forcée aux femmes considérées handicapées mentales des les années 70 ou les Pays Bas autorisant l’euthanasie sur des personnes incapables d’exprimer leur volonté.

Le Figaro 09/04/01

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