Tests en laboratoire : des chercheurs souhaitent le recours à la toxicogénomique

Publié le 22 Oct, 2012

L’étude de Gilles-Eric Séralini de l’université de Caen relative à la toxicité du maïs génétiquement modifié effectuée sur des rats, fait l’objet d’une polémique sur l’expertise scientifique. Elle soulève de nombreuses discussions notamment sur le type de rongeurs utilisés dans l’expérience. Une des questions posées: "le rat Sprague-Dawley est-il approprié aux expériences de nourrissage menées sur deux ans, alors qu’il a tendance, passé un certain âge, à développer spontanément des tumeurs mammaires ?". 

Pour le quotidien, "l’ ‘affaire Séralini’ illustre les limites de l’évaluation des risques toxiques, telle que menée aujourd’hui sur les animaux de laboratoire". De fait "pour remplacer ces méthodes, un nombre croissant de chercheurs prônent le recours à la toxicogénomique. Cette discipline émergente, née des récents progrès accomplis en génétique et en bio-informatique, permet d’évaluer in vitro, sur cellules humaines, les dégâts occasionnés ou non par telle ou telle substance". Pour les chercheurs, "l’intérêt est […] de se passer d’animaux de laboratoire", et "d’avoir l’assurance de la validité des résultats chez l’homme".
A ce titre, Thomas Hartung, toxicologue et professeur à la Johns Hopkins University de Baltimore, dont il dirige le Centre de recherche pour les alternatives aux tests d’animaux (CAAT), donne l’exemple de l’aspirine et explique : "avec les protocoles actuels, qui ont été développés dans les années 1920 et les années 1960 et qui ont très peu évolué depuis, l’aspirine n’aurait jamais pu être commercialisée. Cette molécule produit des malformations sur l’embryon chez le rat, la souris, le lapin, le hamster et le cochon d’Inde… et si vous exposez un rat aux doses d’aspirines couramment utilisées chez les patients humains, vous le tuez avec une probabilité de 50%". L’article poursuit en précisant qu’ "à l’inverse, la thalidomide – prescrite comme antinauséeux aux femmes enceintes dans les années 1950 – avait été testée sur le rat sans montrer d’effet tératogènes, responsables de malformations de l’embryon. Son utilisation sur les humains s’est soldée par un scandale de grande ampleur : environ 15 000 bébés sont nés avec de graves malformations".

Cependant, face à cette nouvelle discipline, "la science n’est […] pas encore stable et les résultats produits par la toxicogénomique sont parfois diversement interprétés". Par ailleurs, "certains doutent même qu’elle puisse jamais remplacer totalement les tests in vivo".

Le Monde (Stéphane Foucart) 23/10/12

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