De la commercialisation du corps humain

Publié le 13 Juin, 2007

Dans le quotidien Le Monde, Jean-Yves Nau revient sur l’émission de téléréalité « The Big Donor Show », diffusée le 1er juin dernier aux Pays-Bas (cf. Synthèse de presse du 04/06/07). Cette émission-canular mettait en scène Lisa, 37 ans, atteinte d’une tumeur au cerveau, qui, conseillée par les téléspectateurs, devait choisir entre trois malades souffrants d’insuffisance rénale à qui attribuer l’un des ses reins après sa mort. Dix minutes avant la fin de l’émission, on apprenait que Lisa était une actrice en bonne santé et que les trois patients étaient traités par hémodialyse.

Ce spectacle, censé sensibiliser les gens au don d’organes, constitue de fait une nouvelle « transgression » : on avait jusqu’alors, pour des raisons éthiques, tenu ce sujet à l’écart du commerce, de la publicité, du jeu et du spectacle.

Afin d’encadrer les avancées scientifiques des dernières années (transfusion sanguine, greffe d’organes, procréation médicalement assistée…), les pays occidentaux ont mis en place des législations basées essentiellement sur le volontariat, le bénévolat et l’anonymat, traduisant l’indisponibilité et la non-patrimonialité du corps humain.

Ces dispositions juridiques sont désormais menacées, d’une part par la pénurie d’organes transplantables et d’autre part par la globalisation ; alors que la demande de greffons augmente dans un contexte de vieillissement de la population.

C’est ainsi que se développe un « tourisme de transplantation » qui rémunère les donneurs pauvres qui acceptent de se faire prélever un organe au profit de malades plus riches. De telles pratiques se sont particulièrement développées en Chine – à partir d’organes prélevés sur des condamnés à mort après leur exécution -, en Inde, au Pakistan, en Turquie, aux Philippines ou encore en Égypte.

Devant cette nouvelle forme de commerce, l’Organisation mondiale pour la Santé (OMS) vient d’annoncer une série de dispositions afin que chaque Etat-membre accède, dans ce domaine, à l’autosuffisance. Mais, pour parvenir à cette autosuffisance nationale, il faut augmenter le nombre de donneurs potentiels et donc mettre en place un système qui permettrait aux équipes chirurgicales de savoir, dans les plus brefs délais, si elles peuvent ou non prélever un ou plusieurs organes.

Ainsi, le 30 mai dernier, la Commission européenne a proposé la création d’une carte de donneur d’organes pour que chacun puisse faire connaître ses volontés avant de mourir. La France a elle créé un registre national et informatisé des personnes refusant un tel prélèvement. Néanmoins, ce registre ne dispense pas les chirurgiens de demander le consentement des proches avant d’effectuer un prélèvement.

Jean-Yves Nau semble regretter la prudence de la France, qui limite le nombre de donneurs potentiels.

Le Monde (Jean-Yves Nau) 13/06/07

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