L’AMP doit-elle être financée par la solidarité nationale ?

Publié le 29 Mai, 2007

Le quotidien Le Monde consacre une interview au Docteur Véronique Fournier, Médecin de santé publique et directrice du Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin à propos de l’Assistance médicale à la procréation (AMP).

Selon les derniers chiffres de l’Agence de biomédecine, 113 000 tentatives d’AMP ont été recensées en 2004 et 17 791 enfants seraient nés grâce à cette technique. Une trentaine de demandes d’AMP particulièrement complexes ont été étudiées au Centre d’éthique clinique à la demande des médecins. Dans la plupart de ces cas, les médecins hésitent à accéder à la demande des patients en raison de l’intérêt de l’enfant à naître. Les questions portent sur l’âge des parents, leur statut socio-économique ou encore le risque qu’ils meurent prématurément.

La loi ne répond pas à ces questions et laisse aux médecins le pouvoir de décider. Véronique Fournier s’interroge : "pourquoi les médecins seraient-ils les mieux placés pour juger de l’intérêt de l’enfant à naître ?" ; "sur quels fondements la loi s’est-elle appuyée pour dire que l’interdit passe davantage ici que là ?".

Pour répondre à ces demandes Véronique Fournier préconise de s’interroger "si c’est oui ou non le rôle de la société de payer pour les demandes qui relèvent davantage de la convenance personnelle que de la maladie". Elle rappelle que le "principe de justice" est l’un des piliers fondateurs de l’éthique biomédicale d’abord au nom de l’égalité de l’accès aux soins, puis au nom de l’utilisation optimale des ressources disponibles.

Elle estime que des situations d’infertilité liées à une maladie pourraient être prises en charge par la solidarité nationale et que dans le cas où les réponses éthiques seraient trop difficiles, une commission multidisciplinaire pourrait être saisie afin d’établir si la solidarité nationale assume ou non le financement de ce projet.

Une tentative d’AMP coûte entre 3 500 et 5 000 euros, rappelle-t-elle. "L’assurance maladie n’est pas faite pour pallier les injustices. Elle est faite pour financer des soins nécessaires du fait d’une maladie."

"Mettre en débat public ce que la solidarité nationale doit ou non financer va devenir une question incontournable dans les années qui viennent", conclut-elle.

Le Monde (Sandrine Blanchard) 28/05/07

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