PMA : ”passage par les limbes du froid”

Publié le 30 Mar, 2007

Le Temps publie un article sur une étude sur la PMA et la filiation.

Les parents de "bébés éprouvettes" usent d’un langage particulier à leur égard, révélateur de la perception, qu’ils en ont : "mélange d’émotivité à fleur de peau et de mise à distance qui exprime leur désarroi face à la réalité médicale nouvelle, bizarre, indicible, dont ils sont les protagonistes". Ils "soumettent le vocabulaire médical à la torture", résume Marc Germond, gynécologue responsable du Centre de procréation médicalement assistée (PMA) de Lausanne.

On compte plus d’un million d’enfants issus de PMA dans le monde. Pour leurs parents, "ce sont des êtres à part, tantôt petite chose fragile, tantôt héros invincible". Il en résulte pour eux un réel "danger" : "que cette image forte entrave la liberté dont tout être est doté en venant au monde : celle de son devenir".

Marc Germond, François Ansermet, pédopsychiatre et Claudia Mejia Quijano, linguiste, viennent de publier une étude sur le sujet : "Parentalité stérile et procréation médicalement assistée. Le dégel du devenir" aux éditions Erès.

Selon cette étude, il n’est pas rare d’entendre les parents d’un enfant né après cryoconservation le surnommer :"mon petit Findus", "mon petit congelé", ou encore "mon Hibernatus". La congélation, ce "passage par les limbes du froid", fascine et inquiète, explique Marc Germond.

Quant à la stérilité, elle serait vécue comme "un verdict de la nature, une interdiction de procréer", et la PMA comme "une transgression coupable de cet interdit". L’étude souligne par ailleurs la culpabilité des parents vis-à-vis des embryons congelés non réimplantés. "Les mères surtout souffrent à l’idée de les laisser là". "Nos patients voient, au microscope, les zygotes destinés à devenir leur enfant. Neuf mois plus tard, ils sont bel et bien devenus des êtres humains. Du coup, ceux qui restent ont une existence forte", explique Marc Germond.

Après la pilule qui permettait la sexualité sans procréation, la fécondation "in vitro" (FIV) a permis la procréation sans sexualité. "La cryoconservation, elle, introduit une autre discontinuité, temporelle celle là, et non moins vertigineuse". Ainsi, deux frères jumeaux peuvent naître avec plusieurs années de différence. "Après le différentiel sexuel, c’est la succession des générations qui est fragilisée, et avec elle le lien de filiation", ajoute François Ansermet.

Ces nouvelles réalités constituent "un bouleversement majeur, jamais vu dans l’histoire de l’humanité" qui n’est pas sans risque. Pour François Ansermet, "Il y a là quelque chose d’irreprésentable, d’inadmissible psychiquement".

La majorité des parents déclare vouloir révéler à leurs enfants la manière dont ils ont été conçus. Pourtant, dans les faits, seule une minorité le dit, parce que briser le silence sur ces sujets confine à un "aveu".

Le Temps (Anna Lietti) 30/03/07

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