Une équipe japonaise modifie la structure de l’ADN

Publié le 2 Mar, 2002

L’ADN (acide désoxyribonucléique) est le support de l’hérédité qui contient l’information génétique de chaque organisme vivant. Le mensuel Nature Biotechnology vient de révéler les résultats des travaux menés par une équipe de chercheurs de l’université de Tokyo. Ils auraient ainsi réussi à modifier la structure de l’ADN, molécule vivante présente au sein de chaque cellule vivante.

 

Chaque fragment d’ADN est composé de l’enchaînement de centaines d’exemplaires de quatre bases, désignés par les lettres A, C, G, T. Or ces scientifiques japonais ont réussi par synthèse à fabriquer deux nouvelles bases baptisées S et Y. Cette étape permettrait non seulement de démontrer que l’on peut greffer deux nucléotides non naturels dans le processus existant mais permettrait surtout d’envisager la création d’organismes vivants aux propriétés insoupçonnées.

 

Pour Philippe Marlière, fondateur et directeur scientifique d’Evologic « l’objectif est de reprogrammer des êtres vivants pour les doter d’un alphabet génétique, soit élargi, soit rétréci. Nous comptons relancer les processus de l’évolution dans des directions qui n’ont pas été spontanément explorés par la nature ».

Les applications permettraient d’aborder la construction de nouveaux types de matériaux dont les propriétés espérées pourraient avoir de multiples applications industrielles ou médicales. Reste qu’en modifiant, les règles du code génétique, on se dirige vers une direction que certains estiment dangereuse.  Pour Axel Kahn les dangers de ces recherches « sont extrêmement faibles » mais il reconnaît  que « l’on franchit une limite dite non naturelle ».

L’encadrement de ces travaux reste un problème majeur car ils échappent aux systèmes d’autorisation et de contrôle en vigueur. Dans les années 1970, les premiers praticiens de ces manipulations génétiques avaient décidé d’observer un moratoire et de réfléchir aux dangers qui pourraient résulter de ces travaux. C’est pourquoi 25 ans plus tard, il serait difficilement compréhensible de laisser aux biologistes engagés dans cette nouvelle voie, le soin de décider s’ils peuvent compliquer le vivant, qui est certes leur objet d’études mais non leur unique propriété. Jamais l’homme n’est allé aussi loin dans sa quête de pouvoir sur le vivant.

Le Monde (Jean-Yves Nau) 02/03/02 – La Croix (Pierre Bienvault) 04/03/02 – Le Quotidien du Médecin (Dr Dominique Brillaud) 02/05/02

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