Alimentation en fin de vie : colloque à Cochin

Publié le 8 Nov, 2005

La semaine dernière un colloque, à l’initiative du Centre d’éthique clinique, s’est tenu à l’hôpital Cochin à Paris. Le thème en était l’alimentation des patients en fin de vie : "Est-ce que le fait d’arrêter l’alimentation diminue fortement la survie ? Est-ce que la personne souffre de faim et de soif ?" Telles étaient les questions posées, mais aussi les réactions des familles et du personnel médical face à cette situation.

La loi sur la fin de vie de mars 2005 autorise à arrêter les traitements à la demande du patient quand il est conscient, et après décision médicale s’il ne l’est pas.

Le docteur Gilbert Desfosses, chef de service de soins palliatifs à l’hôpital des Diaconesses à Paris, raconte qu’il a décidé avec une patiente en fin de vie d’arrêter de la nourrir et de l’hydrater. "L’arrêt de l’hydratation n’entraîne un décès rapide que s’il est total", dit-il, déplorant le temps que la patiente avait mis à mourir (2 mois). "Parfois je me disais qu’on la soignait trop bien ; dès qu’elle avait du mal à respirer, on la désencombrait." "Quant à l’éthique de collégialité, le fait donc de toujours discuter entre nous et d’arriver à une position commune, là j’ai eu l’impression que cela nous a conduits à prendre des décisions trop prudentes, en tout cas jamais innovantes", regrette-t-il.

Pour le docteur Jean-Michel Lassaunière, de l’Hôtel-Dieu à Paris, quand un patient n’a plus la sensation de faim et de soif, il ne comprend pas pourquoi il faut continuer à l’alimenter et l’hydrater. "Dans les pays méditerranéens, on s’acharne à nourrir les gens. C’est culturel. En France, les patients sont hydratés à 90 %, alors qu’en Grande-Bretagne seulement à 10 %. Il n’y a aucune raison médicale à ce décalage." Il regrette que les familles le poussent à continuer les soins alimentaires : «Les familles nous poussent à poursuivre l’alimentation ou l’hydratation. Ils nous disent "il doit avoir faim, il doit avoir soif", alors que, passé les 24 premières heures, il n’y a aucune sensation de manque.»

"Aux Etats-Unis, dans le cas des malades inconscients, arrêter l’alimentation est légal, mais en France, malgré la dernière loi, les règles ne sont toujours pas claires"  déplore Agathe Raynaud, du service de nutrition de l’hôpital Charles-Foix à Ivry-sur-Seine.

Libération (Éric Favereau) 08/11/05

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