Académie de Médecine : pas de confinement prolongé sans le consentement des personnes âgées

Publié le 16 Avr, 2020

Inquiète des « souffrances morales induites » par les mesures de confinement « dans les établissements spécialisés accueillant des personnes âgées le plus souvent dépendantes », l’Académie nationale de Médecine estime que gérer le déconfinement « par tranches d’âge » et « imposer aux personnes âgées, au nom de leur propre protection, de rester confinées » relève d’une « tentation simplificatrice » qui « n’est pas satisfaisante ».

 

Dans un communiqué publié le 15 avril, l’Académie « souhaite rappeler quelques principes élémentaires d’humanisme ». Ses membres soulignent que « l’amalgame entre personnes âgées, personnes en situation de handicap et personnes affectées par des maladies chroniques, compréhensible pour un statisticien, peut être très mal vécu par les personnes humaines ainsi cataloguées ». Par ailleurs, « il existe une confusion latente entre la population globale des seniors et celle des EHPAD, composée de personnes affligées de divers degrés de dépendance et soumises à des contraintes spécifiques ». Pourtant, la population des seniors n’est pas homogène : « des personnes âgées vivant à domicile sont aussi partiellement dépendantes d’aides médicales et matérielles. Mais il existe aussi toute une population de seniors en bonne santé, actifs ». Jugeant que « si l’idée de déconfiner les seniors en dernier repose sur le souhait de les protéger, elle tend à en faire des citoyens de second rang », l’Académie estime que « la perspective d’un confinement au terme non défini puisque tributaire de la disponibilité de tests, de traitements validés, et idéalement d’un vaccin, est de nature à induire une souffrance et une désespérance dont on mesure mal l’impact ».

 

Reprenant la définition de l’OMS qui affirme que « vieillir en santé ″c’est garder ses capacités pour continuer à faire ce qui est important pour chacun d’entre nous″ », l’Académie nationale de Médecine plébiscite « un risque contrôlé » qui permet de « respecter ce qu’il est convenu d’appeler le consentement du patient ». Et elle formule trois recommandations :

  1. « Inciter la population générale à la solidarité intergénérationnelle en continuant à appliquer en tous lieux et en tous temps les règles d’hygiène et les mesures barrière, incluant le port d’un masque grand public, qui contribueront à créer pour les personnes fragiles un environnement favorable ou à moindre risque ;
  2. Considérer toutes les personnes présentant une fragilité de quelque nature que ce soit (âge, handicap, maladies chroniques) comme des personnes responsables et utiles à la société, et ne leur proposer que des recommandations, à l’exclusion de toute réglementation contraignante et arbitraire ;
  3. Respecter dans tous les cas la décision du patient, issue du colloque singulier qu’il entretient avec son médecin. »

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