6 000 interruptions médicales de grossesse chaque année

Publié le 2 Avr, 2007

Le journal Le Monde a mené une enquête sur les interruptions médicales de grossesse (IMG) au Centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal (CPDP) de l’hôpital d’Angers. Dans ce centre, chaque semaine les médecins se réunissent pour examiner les dossiers des grossesses "à problèmes".

Depuis la loi Veil en 1975, l’IMG est autorisée en France jusqu’au terme (9 mois) s’il existe "une forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection d’une particulière gravité, reconnue comme incurable au moment du diagnostic". 45 centres sont agréés pour définir si l’affection dont est atteint le fœtus entre dans le cadre de l’IMG.

On dénombre 6 000 IMG chaque année en France. En 2005, sur 820 dossiers étudiés à Angers, 102 ont abouti à un avortement : 53 pour des polyformations (cardiaques, cérébrales etc…), 27 pour des anomalies chromosomiques (trisomies), 13 pour des maladies génétiques. Les médecins précisent "la décision est individuelle et éclairée".

Les médecins de ce centre s’indignent de la réaction du Pr Didier Sicard, président du Comité consultatif national d’éthique qui, dans une récente interview déclarait, que le diagnostic prénatal "flirte de plus en plus avec l’eugénisme" et "renvoie à une perspective terrifiante : celle de l’éradication". Les médecins estiment que la réaction du Pr Sicard est "désincarnée, très éloignée de notre pratique quotidienne". "Une solution univoque pour une même malformation, cela n’existe pas.* S’ériger en moraliste, rester en gants blancs sur le pont sans tenir compte de ceux qui ont les mains dans le cambouis…c’est trop facile", ajoutent-ils.

"En cas de trisomie 21, la majorité des couples demandent une IMG", explique le docteur Florence Biquard, gynécologue-obstétricien. Les médecins accèdent à leur demande. "Je ne me vois pas imposer aux autres ce que la société a du mal à accepter", explique un autre médecin. "Avant de parler de dérive, il faut déjà balayer devant sa porte et s’occuper correctement des personnes handicapées" ajoutent-ils.

Les médecins reconnaissent que leur discours "a une influence majeure" sur leurs patientes, même s’ils insistent sur le libre choix laissé aux couples. Ils expliquent que certaines femmes refusent l’amniocentèse notamment en raison des risques de fausse couche et que d’autres choisissent de garder leur fœtus atteint d’une pathologie létale : "ces couples veulent aller jusqu’au bout, sans altérer le cours des choses, accompagner, après la naissance, leur bébé jusqu’à son décès et se dire qu’eux et les médecins ont fait tout ce qu’ils ont pu", raconte un médecin.

Le diagnostic prénatal suscite "beaucoup d’angoisse et d’anxiété" reconnaissent les médecins."Cette période peut être, psychologiquement, une bombe à retardement. Plus tard, si leur enfant rencontre des difficultés d’apprentissage ou des problèmes d’hyperactivité, certaines femmes se remémorent les moments difficiles de leur grossesse et ne peuvent s’empêcher de faire un lien".

Le diagnostic prénatal permet aussi de détecter des malformations qui seront soignées au plus vite après la naissance.

* NDLR : 95% des fœtus trisomiques 21 dépistés in utero sont avortés.

Le Monde (Sandrine Blanchard) 02/04/07

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