Le 5 juin, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a validé la décision du conseil d’Etat du 24 juin 2014, qui légalisait l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation artificielles dont dépend la vie de Vincent Lambert (cf. Synthèse Gènéthique du 25 juin 2014).
Elle a estimé que l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert « ne violerait pas le droit à la vie de ce tétraplégique en état végétatif, prévu à l’article 2 de la Convention européenne des Droits de l’Homme et des libertés fondamentales ».
Si le député Jean Leonetti s’est dit « soulagé » que sa loi de 2005, qui catégorise l’alimentation et l’hydratation artificielles comme étant des « traitements » pouvant être arrêtés, « ne soit pas remise en cause » par la CEDH (cf. Gènéthique Vous Informe du 22 avril 2015), des associations s’inquiètent.
Alliance Vita perçoit dans ce jugement un « signal gravissime ». « Au-delà de la situation d’un homme gravement handicapé, mais qui n’est pas en fin de vie, cette décision met dans l’insécurité des milliers de personnes qui entourent les quelques 1700 patients cérébro-lésés qui vivent en France et les milliers d’autres dans tous les pays d’Europe ». Elle souligne que « leurs familles, leurs amis et ceux qui les soignent avec dévouement risquent d’être découragés ». Alliance Vita demande aux autorités administratives et politiques d’accepter la demande de transfert de Vincent Lambert « dans une unité adaptée à son état » (cf. Synthèse Gènéthique du 7 janvier 2015).
La Fondation Jérôme Lejeune, qui poursuit l’œuvre du professeur Lejeune, découvreur de la trisomie 21, en travaillant en faveur des personnes handicapées et de leurs proches, s’alarme de ce « qu’il soit désormais licite de supprimer la vie des personnes handicapées ». Elle déplore qu’une instance comme la CEDH puisse considérer que « l’arrêt d’un soin vital, comme l’alimentation, qui conduit à supprimer une vie, ne s’oppose pas au droit à la vie ». Un tel arrêt « n’est pas de nature à rassurer les citoyens européens sur la considération des droits de l’homme en Europe ».
Interrogé vendredi 5 juin sur Sud Radio, Jean Marie Le Méné, président de la fondation Jérôme Lejeune, a dénoncé « l’arbitraire » qui s’impose lorsqu’une société prétend « juger quelle vie mérite d’être vécue et quelle vie ne le mérite pas ». « Cet arrêt, tellement outrancier, en devient illégitime », a-t-il déclaré.
AFP (05/06/2015), Sud Radio (05/06/2015)