Dans sa chronique du Figaro Magazine, Alain-Gérard Slama revient sur la question de la commercialisation du corps. Le progrès technique, explique-t-il apporte une nouvelle forme de dépossession du corps : "la mise sur le marché des cellules, des organes et des "services corporels", comme le transfert d’ovule ou la gestation pour autrui".
Il rappelle l’expression de Bernard Edelman auteur de "Ni chose, ni personne" : le corps devient un "réservoir économique" dont l’individu dispose en propriétaire. Ce nouveau type de relation à son corps nie la notion de dignité de la personne humaine qui est du ressort de l’être et non de l’avoir.
En France, il rappelle que les textes sanctionnent la "marchandisation " du corps humain. En Espagne, la crise entraîne un marché du don d’organes via Internet. (cf. Synthèse de presse du 23/04/09)
Il constate par ailleurs que la gestation pour autrui qui "constitue le comble de l’aliénation pour la mère qui a porté l’enfant" n’a pas pour but de sauver une vie mais de satisfaire un désir d’enfant. Déjà, certaines mères porteuses proposent leurs services sur eBay.
Alain-Gérard Slama s’interroge : "se rendent-ils compte ces apprentis sorciers, des ravages irréversibles que leur revendication de confort exerce sur la certaine idée que, pour ne pas sombrer dans le nihilisme, chaque individu doit sauvegarder de lui-même ?".
Revenant sur l’exposition "Our Body, à corps ouvert", il estime que la seule raison acceptable qu’il suffisait d’invoquer pour l’interdire était l’article 16-1.1 du Code civil : "le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort".
Le Figaro Magazine (Alain-Gérard Slama) 02/05/09