Alors que la pilule, autorisée le 9 mai 1960 aux Etats-Unis, a aujourd’hui 50 ans, la presse évoque la recherche sur la contraception masculine qui représente un "véritable défi scientifique". La Fondation Bill et Melinda Gates a versé une subvention de 100 000 dollars à des chercheurs de l’Université de Caroline du Nord dont les travaux portent sur la contraception masculine par ultrasons. L’objectif à long terme de ces chercheurs, James Tsuruta et Paul Dayton, est "d’utiliser la technique bon marché des ultrasons, largement répandue dans la médecine sportive, pour l’utiliser dans une contraception réversible". Il serait selon eux possible de rendre un homme stérile, de façon réversible pendant six mois, au moyen d’un "traitement" à base d’ultrasons au niveau des testicules. Une fois terminé, ce procédé non douloureux n’affecterait pas la fertilité de l’homme. Etant parvenus à appauvrir du sperme par cette technique, les chercheurs travaillent à développer l’efficacité et l’innocuité de ce traitement. Selon le Dr. Pierre Jouannet, spécialiste en biologie de la reproduction à l’hôpital Cochin, la question-clef est de déterminer si la stérilité est réversible ou non. Il faudrait, explique-t-il, "disposer de plus d’études expérimentales sur les animaux avant de se lancer chez l’être humain. Par ailleurs, la question d’effets secondaires potentiels sur d’autres cellules des testicules doit être également posée". Bernard Jegou, biologiste directeur de l’unité Inserm 625, est réservé sur cette technique. D’un point de vue déontologique d’abord parce qu’elle "rappelle de mauvais souvenirs, à savoir les irradiations des testicules menées dans les prisons américaines dans les années 1970 en échange de remise de peine". Ensuite parce que, même si elle s’avère efficace, la majorité des hommes "n’aura pas envie de passer aux ultrasons". Il regrette le manque de moyens financiers alloués aux recherches sur la pilule masculine dont l’industrie pharmaceutique se désintéresse.
Si la pilule masculine "relève encore de la science fiction", des experts disent être près de parvenir à fabriquer un contraceptif. Toutefois, comme l’explique John Amory, spécialiste de la reproduction masculine à l’université de Washington, "les hommes produisent 1000 spermatozoïdes chaque seconde. Il est beaucoup plus difficile de supprimer ce degré de production que celui d’un ovocyte par mois". Bien qu’un test ait montré que l’injection de testostérone à plus de 1000 hommes, toutes les 8 semaines durant 2 ans et demi s’est révélée efficace à 95%, des difficultés demeurent : le contraceptif ne supprime pas la production de sperme pour 20% des hommes et des effets secondaires se manifestent : acné, augmentation du taux de cholestérol, prise de poids. Des sondages montrent que près de la moitié des hommes seraient intéressés par ce contraceptif hormonal masculin dont le fonctionnement suivrait la même logique que la pilule féminine avec l’administration de testostérone et de progestine pour empêcher la fabrication du sperme. Il n’aurait pas la forme d’une pilule mais pourrait consister en des injections administrées tous les 2 ou 3 mois chez le médecin, en l’application quotidienne d’un gel sur les bras ou l’estomac ou bien en l’introduction d’implants sous la peau.
Le Figaro.fr (Anne Jouan) 13/05/10 – Slate.fr 14/05/10 – News Discovery.com (Emily Sohn) 11/05/10