Le quotidien Le Monde revient sur plusieurs débats lancés par la révision de la loi de bioéthique. Il rappelle que l’une des principales questions est celle de l’assistance médicale à la procréation (AMP).
Aujourd’hui, l’AMP est réservée aux couples composés d’un homme et d’une femme en âge de procréer et souffrant de stérilité. Alors que certains pensent qu’elle devrait être ouverte aux femmes célibataires et aux couples homosexuels, Jean-Yves Nau rappelle que cela soulève la question de la gestation pour autrui (GPA). En France, la loi interdit une telle pratique mais "la position française pourrait devenir une exception". Il s’étonne que l’on ne parvienne pas à élaborer un "consensus sur un sujet qui soulève des menaces aussi lourdes que celles de l’instrumentalisation des corps humains et de leur commercialisation". Et de citer la position du professeur René Frydman, chef de gynécologie-obstétrique de l’hôpital Antoine Béclère, qui s’oppose à la GPA en dénonçant un "abandon volontaire orchestré dès le départ". Pour lui, cette utilisation du corps au profit d’autrui constitue "une aliénation".
Autre point clé de ces Etats généraux : le triptyque "bénévolat-anonymat-gratuité" pour les cellules sexuelles. Pour Jean-Yves Nau, il s’agit "de s’opposer à ce que les progrès de la médecine et de la biologie conduisent à l’émergence de nouvelles formes d’esclavage". A ses yeux, l’indemnisation du don de gamètes encouragerait "une forme de commerce sur catalogue d’éléments du corps humain". Et si l’on acceptait une transaction financière dans ce cas, pourquoi n’en serait-il pas de même pour un don de rein, de sang, voire d’embryons humains ?
Le journaliste rappelle que, dans Dignitas personae, l’Eglise catholique souligne le caractère illicite de la totalité des activités de l’assistance médicale à la procréation. "Benoît XVI et le Vatican apparaissent ainsi comme le meilleur rempart contre la réification et l’émiettement des corps humains", conclut-il.
Le Monde (Jean-Yves Nau) 15/03/09