Le dicastère pour le développement humain intégral a rendu public le 6 février « une mise à jour de la charte des opérateurs de santé ». Ce document, édité pour la première fois en 1994 « résume l’enseignement de l’Eglise en matière biomédicale ». Il s’adresse « non seulement aux professionnels de santé mais aussi aux chercheurs, pharmaciens et législateurs en matière de santé ». C’est une « base », un « vademecum pour les aider dans leur réflexion éthique ».
Vingt-deux ans après sa première édition, il s’agissait de « prendre en compte autant les avancées de la médecine que le développement de la réflexion de l’Eglise dans les domaines de l’éthique biomédicale »[1]. La nouvelle charte « réaffirme le caractère sacré de la vie et son indisponibilité comme don de Dieu ». Ainsi les « agents de santé sont ministres de la vie parce qu’ils en sont les serviteurs et sont appelé à l’aimer et à l’accompagner dans le parcours existentiel de l’engendrer-vivre-mourir, le triptyque thématique de la nouvelle charte ».
La Charte aborde de nombreux sujets. La première partie, « engendrer », traite des problématiques de la conception : conservation de tissu ovarien, nouvelles découvertes de procréation artificielle, clonage, gestation d’embryons humain par des animaux, utérus artificiel… « Tous ces processus sont opposés à la dignité humaine de l’embryon et de la procréation ». Les critères de réflexion « se réfèrent aux méthodes naturelles, non seulement pour la régulation de la fertilité mais aussi comme méthode pour obtenir une grossesse ». Le diagnostic préimplantatoire est rejeté car il est « l’expression d’une mentalité eugénique qui légitime un avortement sélectif empêchant la naissance d’enfants souffrant de diverses maladies ».
La seconde partie, « vivre » « confirme le rejet de l’avortement » et traite des questions de « réduction embryonnaire, fœtus anencéphales, grossesses extra-utérines, protection du droit à la vie », mais aussi de thérapie génique et médecine régénérative.
Enfin la dernière partie, « mourir », affirme « la protection de la dignité de la mort dans le sens du respect du patient dans la phase finale de sa vie et de l’exclusion de la mort anticipée (euthanasie) comme de l’acharnement thérapeutique ». Sur la question de l’hydratation et de l’alimentation artificielle, « soins de bases du au mourant », « leur suspension injustifiée peut être assimilée à un véritable acte d’euthanasie », précise la Charte. Ces soins sont « obligatoires tant qu’est démontrée leur finalité propre à savoir l’hydratation et l’alimentation du patient ».
La charte ne peut pas « traiter toutes les questions posées dans le contexte de la santé et de la maladie », mais elle « fournit des lignes directrices les plus claires possible pour les problèmes éthiques du monde de la santé, en harmonie avec le Magistère de l’Eglise », explique le professeur Spagnolo, professeur de bioéthique à l’Université de Milan qui a participé à son élaboration.
[1] L’encyclique de Jean-Paul II Evangelium vitae (1995), l’instruction Dignitas personae de la Congrégation pour la doctrine de la foi (2008), les encycliques de Benoît XVI Spe salvi (2007) et Caritas in veritate (2009) l’exhortation du pape François Evangelii gaudium (2013).
La Croix, Nicolas Senèze (7/02/2017); Radio Vatican (7/02/2017)