La nomination de John Roberts à la tête de la Cour suprême des Etats-Unis incite Jennifer Merchant, politologue, à pousser un cri d’alarme dans le journal Le Monde. En effet, selon elle, cette nomination pourrait, à terme, remettre en cause la législation sur l’avortement aux USA.
En 1973 l’arrêt rendu dans l’affaire Roe contre Wade, donna un cadre juridique à l’avortement. La constitution donne ainsi le droit d’avorter dans tous les Etats jusqu’au 4e mois, puis laisse la décision à chaque Etat d’élargir cette autorisation jusqu’au terme de la grossesse.
Or, le juge Roberts, lors d’une affaire, déclara que l’arrêt Roe était une mauvaise décision qui devait être renversée. Il a aussi défendu lors d’un autre procès Michael Bray et Randall Terry, deux responsables des manifestations contre les maternités pratiquant l’avortement. Il s’exprimait alors au nom de l’Etat fédéral, certains pensent aujourd’hui que ce n’était pas forcément son opinion personnelle.
Ce n’est pas le cas de Jennifer Merchant qui craint que sa voix fasse basculer le jugement en faveur des opposants à l’avortement, renversant ainsi la jurisprudence Roe. Chaque Etat aurait à nouveau le choix d’autoriser ou non l’avortement. Vingt-et-un d’entre eux pourraient l’interdire, selon la politologue, et neuf l’autoriser avec des conditions très sévères.
Le Monde 16/09/05